Un rapport confidentiel du préfet des Côtes d'Armor publié hier par le Télégramme de Brest pointe du doigt la responsabilité des agriculteurs bretons dans le phénomène des algues vertes, ancien mais mis en cause dans plusieurs accidents récents. Dans la foulée, une plate-forme de compostage des algues a été fermée sur la comune d'Hillion après de longs mois de colère des riverains. Ce matin la préfecture a réagi à cette publication en adressant un communiqué à la rédaction du journal.
Jean-Louis Fargeas, préfet des Côtes d'Armor, a envoyé le 4 septembre une note de 14 pages aux cabinets du Premier ministre, du ministre de l'Intérieur, du secrétariat d'Etat à l'Ecologie et au préfet de la région. Les services du préfet y exposent «la problématique des algues vertes dans le département, ses conséquences sur l'environnement et les actions que l'Etat a menées jusqu'à présent».
Le préfet précise notamment que «le juge administratif fait directement le lien entre la présence dans l'eau de nitrates à un taux supérieur aux normes et la prolifération des algues vertes dans les baies de Saint-Brieuc et de Douarnenez [et] établit que ces nitrates proviennent essentiellement de l'épandage des lisiers issus des exploitations d'élevage».
Pour lutter contre ce phénomène dont il détaille les conséquences négatives, le préfet préconise une révolution dans les pratiques agricoles de la région impulsée par des mesures radicales de l'Etat, dont il donne des exemples. Parmi eux, «L'arrêt total de l'agriculture sur le bassin-versant avec conversion totale des terres en prairies fauchées mais non fertilisées».
Mais précise-t-il plus loin, «ce changement de méthode et de stratégie de l'Etat rencontre une opposition de la profession agricole qui souhaite maintenir le modèle économique existant et refuse d'envisager d'autres options.» En conséquence, l'évolution préconisée n'est «pas envisageable pour le moment, le phénomène des algues vertes ne peut donc que perdurer.»
Cette conclusion particulièrement accusatrice pour les agriculteurs a fait grand bruit. Par courrier, la préfecture tente aujourd'hui de temporiser en précisant que le rapport reflète «une évaluation de l'état des esprits en juin 2009 et nullement la position définitive de l'Etat sur ce point». Elle souligne également que «la profession agricole, via ses représentants, a rendu publique sa volonté d'agir par des objectifs précis marquant une évolution notable et importante» et affirme l'importance d'éviter «toute stigmatisation»...
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Image de une: marée verte par Thesupermat via Wikimedia