John Jairo Velasquez Vasquez était le meilleur sicario (tueur à gages) du baron de la drogue colombien Pablo Escobar pendant sept ans, entre 1985 et 1982. Dans une interview accordée à l’AFP en décembre 2015, Popeye, c’est son surnom, avouait avoir tué «au moins 250 personnes, peut-être 300» et commandité des milliers d’autres meurtres.
À 30 ans, cet ancien garde du corps de Miss décide de quitter le cartel et de devenir un nouvel homme. Ce qui passe forcément par la case prison, où il entre en 1992. Vingt-trois ans plus tard, le 27 août 2014, Velasquez quitte l’établissement de haute sécurité de Combita, avec une mise à l’épreuve du procureur. À l’époque, Le Monde rapportait ses premiers mots d’homme libre: Popeye voulait «retrouver [son] fils, faire des choses simples comme attendre [son] tour à la banque pour obtenir un reçu, ou manger une glace».
Aujourd’hui, le Guardian explique que l’homme est allé encore plus loin dans sa quête de rédemption. Fin 2015, il est officiellement devenu youtubeur avec le pseudo «POPEYE_Arrepentido» («Popeye le repenti» en français) et lançait une campagne de lutte contre la violence en Colombie. «Velasquez dit qu’il essaye de prévenir les jeunes pour leur éviter de tomber dans la criminalité», écrit le journal.
«Nous sommes des bandits»
À ses plus de 110.000 abonnés, l’ancien bras droit d’Escobar explique qu’il y a «un certain degré de curiosité morbide à propos des meurtres, surtout chez les jeunes», qu’il faut prévenir le plus tôt possible. «Avant de commencer, dit-il dans une vidéo, je veux dire que tout ce que Pablo Emilio Escobar a fait est mal. Il est important que les nouvelles générations ne fassent pas une fixation sur la figure de Pablo Escobar et encore moins sur la mienne. Nous ne devrions pas être des modèles pour les gens. Nous sommes des bandits.»
La nouvelle posture de l’ancien tueur a créé une polémique auprès des familles des personnes qu’il a assassinées. Gonzálo Rojas est le fils d’une victime du cartel. Au Guardian, il explique son profond malaise et sa colère face à ce youtubeur repenti de 54 ans:
«C’est une claque pour nous qu’il se présente maintenant comme un expert, un consultant, alors qu’il n’a montré pour l’instant aucun remord pour ce qu’il nous a fait. Il est devenu une célébrité à cause de ses crimes.»
Velasquez ne cache pas son malaise vis-à-vis des proches de ses victimes. Dans une autre vidéo, il a dû répondre au frère d’un policier tué qui lui demandait s’il allait rencontrer les familles de ses victimes. «C’est une question douloureuse pour moi, a-t-il alors répondu. C’est important que l’on puisse se rencontrer pour que je puisse demander pardon en face à face et que j’accepte ma responsabilité.» De son côté, Gonzálo Rojas a bien essayé de le rencontrer. On l’a renvoyé vers le manager de Popeye.