Monde

Les plus influents défenseurs du capitalisme vont (enfin) se pencher sur «le précariat»

Temps de lecture : 2 min

Le thème est au programme cette année de la célèbre conférence Bilderberg.

Un checkpoint sur la route menant à L’interalpen-Hotel, où s’est tenue la conférence Bilderberg de 2015, en Autriche. AFP PHOTO / CHRISTIAN BRUNA
Un checkpoint sur la route menant à L’interalpen-Hotel, où s’est tenue la conférence Bilderberg de 2015, en Autriche. AFP PHOTO / CHRISTIAN BRUNA

Chaque année depuis 1954, le groupe Bilderberg réunit une centaine de membres parmi les personnages les plus influents du monde occidental. Née après la Seconde Guerre mondiale, l'organisation poursuit l'objectif de promouvoir le système d’économie de marché capitaliste, considéré comme le seul à même de maintenir la paix dans le monde.

Cette année, la réunion des membres du célèbre groupe Bilderberg aura lieu près de la ville allemande de Dresde. 130 personnes venant de 20 pays représenteront les élites politiques, industrielles, financières, académiques et médiatiques. Le site Quartz nous apprend que parmi les thèmes qui seront abordés –et ont été mis en ligne tout comme la liste des participants– figure outre la Chine, les migrations et la cybersécurité, «le précariat et la classe moyenne».

Terme popularisé par l’économiste britannique Guy Standing, le précariat désigne une portion croissante de la population dont la situation économique et sociale se caractérise par la précarité, et donc l’insécurité et l’incertitude. En 2015, Guy Standing écrivait dans le Globe and Mail qu’au Canada, cette classe représentant désormais 40% des adultes était «composée de millions de personnes qui luttent pour des vies de travail et des conditions de vie instables, dépourvues d’une identité professionnelle ou d’une carrière».

L'économiste définissait les membres du précariat comme étant «les salariés perpétuellement à temps partiel, au salaire minimum, les travailleurs étrangers temporaires, le marché gris des services domestiques payés cash, les jeunes [Canadiens] qui n’auront jamais d’emploi sécure [stable, ndlr], les travailleurs appauvris par la technique, dont le travail fragmenté n’a pas de lieu ni de fin, les seniors qui luttent avec des pensions en baisse, les peuples indigènes maintenus à l’écart, les mères célibataires isolées, les travailleurs à la tâche qui n’ont pas d’économie […]».

Les invités du Bilderberg ont pour consigne de garder secrets les propos échangés lors des débats, et aucun journaliste n’est accepté lors des rencontres. Cette atmosphère de secret a installé une réputation sulfureuse autour du Bilderberg, qui culmine avec certaines théories conspirationnistes qui lui attribuent de décider en secret de l’avenir du monde. Le Bilderbeg ne serait, à entendre ses organisateurs, qu’un forum de discussions informelles à la bonne franquette entre grands de ce monde. Entre autres «CEO» et responsables politiques de premier plan, l’édition 2016 accueillera sous la présidence du Français Henri de Castries, PDG du groupe d’assurances AXA, un ancien chef des services secrets britanniques, Sir John Sawers et un ancien directeur de la CIA, le général David Petraeus.

A noter que parmi les rares Français présents, on ne compte que deux responsables politiques. L'actuel président du Conseil constitutionnel Laurent Fabius et le député-maire du Havre Edouard Philippe. L'homme joue également un rôle-clé dans l'équipe de pré-campagne d'Alain Juppé, au titre de porte-parole. De quoi faire tourner à plein régime la machine à complot puisque le Bilderberg a la réputation d'apporter son soutien à un des candidats de chaque élection présidentielle américaine –de préférence le gagnant, et d'apporter un sérieux coup de pouce aux carrières en pleine ascension. Christine Lagarde, Herman Van Rompuy, Manuel Valls ou Emmanuel Macron ont eu le privilège d'être sur la liste des invités des éditions précédentes.

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