Depuis le 26 mai, Donald Trump dispose officiellement d'assez de délégués pour remporter l'investiture du parti républicain, et il a gagné facilement les primaires du mardi 7 juin: tous les autres candidats avaient abandonné. Malgré ces victoires, l'establishment républicain demeure très embarrassé par la popularité du milliardaire, qui continue de tenir des propos choquants.
Le 2 juin, il a accusé le juge fédéral Gonzalo Curiel, qui est en charge du procès contre la Trump University, d'être partial en raison de ses origines mexicaines. Le candidat républicain a expliqué au Wall Street Journal que le juge Curiel, qui est né aux Etats-Unis de parents mexicains, devrait se récuser en raison de son «conflit d'intérêt» dans ce cas.
Lorsqu'un journaliste de CNN lui a demandé des précisions, Trump a répondu:
«Il est mexicain. Nous construisons un mur avec le Mexique. La réponse, c'est que ses décisions sont injustes, tellement injustes que les gens ne peuvent pas y croire.»
Plus que les autres remarques xénophobes de Trump, celle-ci a été très commentée par les leaders du parti républicain. Paul Ryan, le président de la Chambre des représentants, a déclaré que «le fait de dire qu'une personne est incompétente en raison de ses origines ethniques est en quelque sorte la définition même d'un commentaire raciste». Mais il a aussi dit qu'il continuait de soutenir le candidat, une contradiction soulignée dans une une du New York Daily News où Ryan dit: «Je suis avec le raciste».
The Daily News did not let Paul Ryan off easy with this cover: https://t.co/i3lj3Ax1vx pic.twitter.com/HLHWYoRxoh
— Slate (@Slate) June 8, 2016
Suite aux propos de Ryan, Trump a publié un communiqué dans lequel il explique qu'il regrette que ses commentaires «aient été compris comme une attaque contre les personnes d'origine mexicaine». Il a aussi répété une de ses réponses préférées aux accusations de racisme: «Je suis ami avec et j'emploie des milliers de personnes d'origine mexicaine et latino-américaine.»
Avant Paul Ryan, plusieurs sénateurs républicains qui ont aussi officiellement apporté leur soutien à Trump avaient vivement critiqué son propos. Lindsey Graham, sénateur de Caroline du Sud, a dit qu'il s'agissait du commentaire le plus «anti-américain fait par un homme politique depuis McCarthy», le responsable de la «chasse aux sorcières» des années cinquante, et l'ancien candidat aux primaires Marco Rubio a jugé le propos de Trump «choquant»: «Il devrait arrêter de le dire. Il a tort. Le juge est américain.»
Newt Gingrich, l'ancien président de la Chambre des représentants, dont certains parlent comme d'un potentiel vice-président, a aussi pris ses distances par rapport à ce commentaire:
«Sa decription du juge en fonction de ses origines est complètement inacceptable.»
Malgré ces désaccords, aucun de ces élus n'a complètement désavoué Trump, ce qui montre bien la position compliquée dans laquelle se retrouve le parti. Comme l'explique Ben Mathis-Lilley dans Slate.com, les Républicains se sont particulièrement sentis obligé de critiquer ces propos parce que comme Trump est maintenant le candidat officiel, ce qu'il dit affecte directement le parti, mais aussi car insulter les Mexicains-Américains, pas seulement les sans-papiers mexicains, est politiquement dangereux dans un pays où environ 27 millions d'électeurs sont d'origine hispanique.