À Harvard, le cours de Michael Puett est le troisième plus prisé de la célèbre université. En réhabilitant l’ancienne philosophie chinoise, dérivée du confucianisme, le philosophe de 51 ans apprend aux étudiants de Boston à s’aimer différemment, rapporte Quartz. Sa première leçon consiste à rayer d’urgence de la liste des choses à faire pour vivre heureux l'un des mantras les plus classiques: assumez-vous avec vos forces et vos faiblesses.
Ses principaux doutes portent sur la croyance en une nature fondamentale avec laquelle il faudrait négocier au quotidien. «L'hypothèse communément partagée sur notre soi est que notre objectif en tant qu'individus est de nous explorer, de trouver notre vrai moi, et essayer d'être aussi authentique et fidèle à nous-mêmes que nous pouvons être, observe-t-il. Mais cela suppose que nous avons un moi stable.»
La réinvention permanente
Aiguiser sa mauvaise-foi, son goût pour la procrastination ou sa vénalité, rien de pire pour restreindre ses possibilités et s'enfermer dans un carcan de personnalité. Plutôt que de s'enfoncer dans ses propres travers, ce qui compte à l'inverse, c’est de se réinventer en permanence. Jusqu'à sa manière de sourire ou de poser sa voix. D’ailleurs, peu importe de chercher à faire «mieux», l'essentiel, c'est le pouvoir de la variation, clame le philosophe américain.
Certains de ses mots rappellent le courant existentialiste de Sartre ou la notion d’habitus de Bourdieu. Michael Puett regrette que ce qu’on appelle la «personnalité» ne soit pas saisie à sa juste valeur en Occident. Celle-ci est le produit chaotique de nos actions au quotidien, de nos habitudes, et non un objet pur resté intact depuis la naissance. Bref, le bonheur reposerait sur une acceptation de l’inconfort. Méfiance donc la prochaine fois que l’un de vos proches vous dit «de ne rien changer», il vous veut peut-être du mal.