Selon une étude publiée le 2 juin dans la revue Violence and Gender, deux femmes bisexuelles sur cinq sont victimes de violences sexuelles durant les quatre années que dure le premier cycle universitaire américain. Soit près du double du risque subi par leurs congénères hétérosexuelles, et ce, dans sa fourchette haute.
L’étude, qui porte sur 21.000 étudiants interrogés anonymement sur internet entre la rentrée 2005 et le printemps 2011 dans vingt-et-un établissements supérieurs américains, trouve aussi qu’un homme bisexuel ou homosexuel sur quatre a été victime de ce type de violences au cours de sa scolarité.
À l’instar des femmes hétérosexuelles, les individus LBG des deux sexes ont d’autant plus de risque d’être victimes de violences sexuelles s’ils appartiennent à des fraternités et sororités étudiantes. La plus grosse proportion des agressions survient lorsque la victime n’est pas en capacité de consentir –parce qu’elle a trop bu, parce qu’elle est droguée, parce qu’elle dort, etc. Les deux réalités n’étant évidemment pas sans lien.
Victimologie
Selon les données du département américain de la Justice, toutes orientations confondues, 6,4% des femmes âgées de 18 à 24 ont été violées durant leurs études entre 1995 et 2013 –contre 7,6% des femmes du même âge n’ayant pas poursuivi leur cursus après le lycée.
«Nous ne pouvons tolérer les agressions sexuelles sur nos campus, sur quelque groupe d’hommes ou de femmes que ce soit», précise Mary Ellen O’Toole, rédactrice en chef de la revue et ancienne criminologue du FBI:
«Pour réellement comprendre l’ampleur et la profondeur du problème, ajoute-t-elle, il est essentiel de comprendre la victimologie des agressions sexuelles, ce qui inclut tous les étudiants, et pas uniquement les femmes hétérosexuelles.»
Selon Jessie Ford et José G. Soto-Marquez, chercheurs en sociologie de l’Université de New York et auteurs de l’étude, non seulement les femmes bisexuelles sont plus vulnérables que les hétérosexuelles mais elles ont (encore) moins tendance à porter plainte pour les violences dont elles peuvent être victimes. Un phénomène qui s’explique notamment par la stigmatisation de la bisexualité au sein des communautés étudiantes en particulier et dans la société en général.