Pendant mes années d’études, j’ai souvent eu bien du mal à comprendre pourquoi bon nombre de mes camarades préféraient aller réviser à la bibliothèque universitaire y compris lorsque leur travail ne nécessitait absolument pas d’avoir recours au moindre livre. Un peu plus tard, jeune adulte un peu trop pantouflard, je ne saisissais pas non plus pourquoi mes collègues critiques de cinéma préféraient aller écrire au Starbucks du coin alors que je pouvais le faire vautré sur le lit ou assis sur le canapé du salon.
Avec trois enfants à la maison, ma femme et moi avons fini par nous dire que l’exil pouvait parfois constituer la meilleure des stratégies en cas d’article à rendre ou de copies à corriger. Mais il semblerait que, même pour les nullipares, travailler au café ou à la bibliothèque soit synonyme de créativité et de productivité. Les scientifiques se sont évidemment penchés sur cette question capitale: pour quelle prodigieuse raison semble-t-il plus profitable de bosser entouré d’odeurs de macchiato et de conversations d’étrangers plutôt que dans le silence feutré de son bureau ou de sa chambre?
Un article du New Scientist revient sur les différentes études qui ont permis d’avancer sur ce dossier. S’appuyant sur une étude britannique qui démontre qu’un niveau de bruit modéré a des effets positifs sur la créativité, le site évoque l’existence de Coffitivity, portail de streaming audio permettant de diffuser sur son ordinateur des sons enregistrés dans des coffee shops. Tout en reconnaissant que la seule utilisation de Coffitivity, par exemple chez soi, n’a pas franchement le même effet sur notre efficacité que si nous nous trouvions réellement dans l’un des lieux où l’on entend ce genre de son. Car –et c’est l’argument ultime développé par le New Scientist, qui se base sur une étude américaine publiée en avril dans Psychonomic Bulletin & Review– l’effort mental est contagieux.
Bonnes ondes
Des tests ont montré que, lorsqu’une personne devant s’acquitter d’une tâche intellectuelle a pour voisin de siège quelqu’un qui est en train d’effectuer un travail particulièrement difficile, elle devenait soudain plus productive, y compris sans connaître réellement la nature de l’effort du voisin en question. L’explication scientifique du phénomène reste à déterminer, mais c’est comme si la créativité et la concentration étaient soudain transmises par absorption.
La posture du corps et la respiration des personnes situées autour de vous auraient un impact tout particulier sur votre propre façon de vous mettre au travail. D’où le fait qu’une bibliothèque, un coffee shop ou même un espace de coworking (comme le parisien CoworkCrèche) semblent constituer les lieux idéaux pour faire fonctionner votre cerveau: la motivation y vient tout autant de l’odeur du café fumant que de l’aura dégagée par celles et ceux qui vous entourent, qui bénéficieront également des bonnes ondes émises par vous-même une fois que vous vous serez mis à travailler.
Attention tout de même à bien choisir votre lieu de travail: un café trop bruyant ou un espace de coworking rempli de gens oisifs risquerait de n’avoir que des effets négatifs sur votre productivité. Dans ce cas, autant travailler de chez vous, quitte à inviter un ou une partenaire de travail. C’est parfois suffisant pour éviter d’avoir envie de lever le nez trop souvent de son ordinateur ou de se mettre à regarder des vidéos de chats.