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L'équipe de France, pas que des numéros 10 dans sa team

Temps de lecture : 3 min

Confié cette année à Gignac, ce maillot a été magnifié par Platini ou Zidane, mais a aussi connu des porteurs plus inattendus dans les grandes compétitions.

Zinedine Zidane après son premier but en finale de Coupe du monde face au Brésil, le 12 juillet 1998. PATRICK HERTZOG / AFP
Zinedine Zidane après son premier but en finale de Coupe du monde face au Brésil, le 12 juillet 1998. PATRICK HERTZOG / AFP

«Que des numéros dix dans ma team», rappait Booba en 2003. Pourtant, le numéro porté par Zinedine Zidane et Michel Platini, les deux meilleurs joueurs de l'histoire du football français, n'a pas toujours été revêtu par le (supposé) meilleur joueur ou principal danger offensif de la sélection.

Cette année, c'est André-Pierre Gignac qui portera le 10 lors de l'Euro organisé en France. L'ancien Marseillais, qui le portait déjà en amical contre la Russie en mars, succède à Karim Benzema, qui avait enfilé pour la première fois le prestigieux numéro à l'automne 2008. L'attaquant du Real Madrid était parvenu à mettre la main dessus après l'Euro en Suisse: le jeune espoir français avait fait croire à l'intendant de l'équipe de France que Sidney Govou était d'accord pour le lui laisser. Son coéquipier en club avait découvert le subterfuge quand on lui avait attribué le numéro 18 pour la photo officielle...

Deux ans plus tard, pour la Coupe du monde 2010, Benzema n'avait pas été retenu et c'est Govou qui avait récupéré à nouveau le numéro 10. De retour en équipe de France après le fiasco sud-africain et le départ de Domenech, Benzema avait ensuite retrouvé son numéro fétiche.

Mais alors que le joueur du Real avait plutôt réussi sa Coupe du monde 2014 avec le numéro 10 (trois buts, plus un injustement refusé) et était logiquement pressenti comme la star française pour cet Euro à domicile, l'affaire de la sextape l'a rendu persona non grata en sélection. Finalement, c'est André-Pierre Gignac, qu'on pensait ne plus jamais revoir sous le maillot bleu, qui récupère le numéro mythique et pourrait également briguer une place dans le onze de départ de Didier Deschamps.

Imaginaire collectif

Dans l'imaginaire collectif français, le 10 est immédiatement attaché à la personne de Zinedine Zidane et de Michel Platini. Ce dernier l'a porté lors de trois grandes compétitions consécutives, lors des 4e et 3e places françaises pour les Coupes du monde 1982 et 1986 et de la victoire lors de l'Euro 1984.


En 1996, Zinédine Zidane porte le 10 pour la première fois lors d'une phase finale d'un tournoi international, lors de l'Euro anglais –deux ans plus tôt, il avait fait ses débuts sous le maillot bleu sous le maillot 14, remplaçant décisif (deux buts) du numéro 10 Corentin Martins lors d'un match contre la République tchèque (2-2). Un numéro que, comme Platini, il va rendre mythique lors de la Coupe du monde 1998, inscrivant deux buts en finale face au Brésil, lors de l'Euro 2000, où il envoie son équipe en finale grâce à un pénalty vainqueur face au Portugal, puis lors de la Coupe du monde 2006, où il livre l'une des plus belles prestations de sa carrière face au Brésil en quart de finale, avant d'être expulsé en finale après avoir inscrit une panenka. La dernière image de Zidane en Bleu restera celle du numéro 10 passant à côté de la Coupe du monde sans même lui jeter un regard.

Quand Platini portait le 15

Ces deux noms en dissimulent pourtant bien d'autres, soit moins prestigieux, soit moins attendus. En 1958, ce n'est ainsi ni la star de l'équipe troisième de la Coupe du monde suédoise, Raymond Kopa, ni celui qui détient toujours le record de buts marqués sur une Coupe du monde (treize), Just Fontaine, ni le talentueux attaquant Roger Piantoni qui portent le maillot floqué du 10... mais le défenseur et capitaine Robert Jonquet, dont la blessure laissera la France orpheline en demi-finale.

Vingt ans plus tard, en 1978, Michel Platini est déjà une star (il vient de gagner la Coupe de France avec Nancy et d'être transféré à Saint-Etienne) mais, pour la Coupe du monde en Argentine, c'est Jean-Marc Guillou, son aîné de dix ans, qui revêt le numéro 10. La star de l'Équipe de France doit se contenter du numéro 15: comme l'écrivait l'an dernier France Football, «le respect des anciens et la patience faisaient apparemment partie des qualités du futur triple Ballon d’Or».

Après le départ à la retraite du joueur de la Juve, en 1987, la France sera orpheline pendant près d'une décennie d'un grand numéro dix. Significativement, pour la seule phase finale disputée avant l'arrivée de Zidane, l'Euro 92 en Suède, c'est Luis Fernandez, au profil de milieu défensif-relayeur, qui en prend possession. De quoi faire sourire son sélectionneur et ancien coéquipier sous le maillot bleu... Michel Platini, dont la réaction est narrée par Vincent Duluc dans Au Cœur des Bleus:

«Il n'avait pas le numéro 10 quand il jouait avec nous, mais il se prenait déjà pour un numéro 10 (rires).»

Après le départ de Zidane, en 2006, c'est Julien Faubert qui se dévoue pour récupérer (avec succès) le maillot mythique: le Bordelais inscrit un but en toute fin de rencontre pour sa première (et dernière) sélection, vêtu d'un maillot que personne n'osait revêtir. Confier le 10 à un remplaçant, un bon moyen d'évacuer un peu la pression liée à ce numéro quand son titulaire habituel n'est pas là, comme de le confier à Gignac plutôt qu'à Griezmann ou Pogba, sur qui reposent cette année une bonne partie des espoirs de l'équipe de France.

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