Parents & enfants / Monde

Des publicités web anti-avortement géolocalisent les centres IVG

Temps de lecture : 2 min

Des groupes opposés à l'avortement se servent des données laissées en ligne pour cibler les femmes qui se trouvent dans des cliniques.

Capture d'écran
Capture d'écran

L'imagination des anti-IVG est décidément sans limites. On les savait rompus à l'exercice de la manifestation devant les cliniques, capables de campagnes de désinformation inouïe sur internet, et même d'exploiter la photo d'un bébé-mort-né. Ils s'attachent désormais à traquer les femmes directement dans les salles d'attente des cliniques. C'est ce que révèle une enquête du site Rewire.

À Boston, John Flynn, le directeur d'une agence de publicité, a eu l'idée de proposer ses services à de puissants groupes anti-avortement, parmi lesquels une agence d'adoption évangeliste. Il a donc rédigé un powerpoint et organisé une vaste campagne de mailing pour vanter son projet.

Le concept: se servir des technologies de collecte de données personnelles et de géolocalisation pour envoyer des publicités anti-avortement sur les téléphones de femmes... qui se trouvent dans des centres IVG. Ainsi, il ne s'agit plus de harceler celles-ci en manifestant devant les cliniques mais de les atteindre à l'interieur même des salles d'attente des centres IVG.

«Avant, c'était comme chercher une aiguille dans une botte de foin»

Flynn ne se cache pas de vouloir servir la cause des anti-avortement et se vante même d'être «très excité à l'idée d'apporter des outils de marketing mobile à la communauté pro-vie». Laquelle communauté a répondu avec enthousiasme.

«Avant, c'était comme chercher une aiguille dans une botte de foin. Mais grâce à la geolocalisation, nous pouvons atteindre les femmes dont nous savons qu'elles ont besoin d'aide», se rejouit la responsable marketing de l'agence d'adoption Bethany Christian Services.

Flynn se vante d'ailleurs d'avoir atteint plus de 800.000 femmes pour le compte de l'un de ses premier client, le groupe anti-IVg RealOptions, et d'avoir dirigé 2.000 d'entre elles sur leur site internet.

«Avortement Google»

Le pire, c'est que tout cela est techniquement très facile et parfaitement légal puisqu'il s'agit simplement de publicité ciblée. L'agence va, en effet, collecter les données de navigation des cibles potentielles (requêtes google, utilisation d'applis) qui vont constituer l'identifiant publicitaire, lequel est censé être anonyme. Dans la réalité, il a suffit aux groupes anti-IVG de se servir des sites comme Facebook ou des applis comportant l'identité de ces femmes pour pouvoir leur adresser leur publicité.

Concrètement, les femmes qui ont tapé «avortement Google» et n'ont pas désactivé les données de geolocalisation de leur téléphone, peuvent être identifiées, geolocalisées et ciblées par ces publicités au moment jugé opportun.

Et cela n'est évidemment rien d'autre que de l'intimidation et du harcèlement, qui, selon, Sasha Bruce, vice-president de l'organisation pro-choix Naral, «peut constituer la première étape avant la violence».

«Nuremberg Files»

Car comment savoir ce que cette agence de publicité et ses clients feront des informations collectées à propos de ces femmes? Il y a de quoi craindre le pire quand on sait de quoi sont capables les anti-avortements les plus radicaux.

Rewire rappelle qu'à la fin des années 1990, un groupe extremiste avaient crée un site nommé «Nuremberg Files», qui listait les noms et les adresses de medecins pratiquant des avortements. Au Texas, les patientes elles-même avaient été traquées et les numéros de plaque de leur voiture relevées quand elles penetraient dans un centre IVG.

À toutes fins utiles, et parce qu'on ne peut que redouter que d'autres lobbies malveillants adoptent ce type de pratiques, rappelons qu'il est au moins possible de fuir ces intrusions en désactivant la géolocatisation de son smartphone et de paramétrer les différentes aplis afin d'empêcher la publicité ciblée, quelle qu'elle soit (tout est expliqué ici).

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