Cette semaine commencent en Espagne des travaux chargés d'émotion et hautement médiatiques: des spécialistes vont ouvrir la «fosse d'Alfacar», qui contiendrait les restes du poète Federico Garcia Lorca, et de cinq de ses compagnons d'infortune victimes d'insurgés franquistes en 1936.
L'exhumation a lieu alors qu'un vif débat agite depuis des années les milieux politiques, historiques et judiciaires d'Espagne. D'un côté, les descendants du poète, qui sont opposés à l'exhumation et souhaiteraient que la dépouille de leur ancêtre soit laissée en paix, où qu'elle soit. De l'autre ceux qui souhaitent faire enfin toute la lumière sur la fin d'un des plus grands poètes espagnols de l'histoire.
Des mesures de sécurité sans précédent entourent l'équipe restreinte (deux historiens, un archéologue, un médecin légiste spécialiste de l'identification génétique et le maire socialiste de la municipalité où enseignait l'un des fusillés) qui supervise les travaux. Tous ont signé un contrat de confidentialité et n'ont pas le droit d'emmener de téléphone portable ou autre objet de communication sur le site. De plus, une toile et des barrières opaques cachent les fouilles tandis que des agents de sécurité veillent jour et nuit.
La famille Lorca a posé la confidentialité des résultats comme condition à l'accord qui lui a finalement été arraché pour les tests ADN, ce qui a fait dire à la ministre de la justice d'Andalousie, Begona Alvarez, "Nous avons demandé le plus grand sacrifice que puisse consentir un scientifique : le silence". Les autorités ne diffuseront que les données que les familles souhaiteront rendre publiques.
En plus de Lorca, les dépouilles de cinq autres fusillés pourraient se trouver sous la terre andalouse d'Alfacar: celles de deux combattants républicains, Antonio Galadi et Joaquin Arcollas, d'un restaurateur, Miguel Cobo, d'un inspecteur des impôts Fermin Roldan et d'un professeur, Dioscoro Galindo.
Les travaux ont lieu en six points d'une surface de 200 mètres carrés, où les techniciens de l'Institut Andalou de géophysique ont détecté des différences de densité qui pourraient résulter de l'enfouissement des corps, à une profondeur variant entre 60cm et 1m80. L'emplacement supposé des dépouilles avait été révélé en 1955 par Manuel Castilla, l'un des jeunes fossoyeurs recrutés pour enterrer "près d'un olivier, à une dizaine de mètres de la chaussée" les corps des fusillés, le 18 août 1936. De nombreuses théories sur la dernière demeure de Lorca ont été avancées mais celle du terrain d'Alfacar considérée comme la plus crédible.
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Image de une: membres de l'Institut Andalou de Géophysique travaillant sur le site d'Alfacar REUTERS/Stringer Spain