«Ce niveau très élevé est exceptionnel», déclarait en janvier dernier Gaël Sliman, le président d'Odoxa, à la suite d'un sondage de son institut révélant que 83% des Français possédaient une bonne opinion de la police. Une donnée similaire aux 82% de l'enquête menée par la même institution et dont les chiffres ont été rendus publics le 17 mai 2016 alors que le syndicat Alliance Police Nationale manifeste contre «la haine anti-flic» ce mercredi 18 mai 2016.
Pourtant, la police française a déjà connu une réputation de cet ordre. En 1994, dans la revue Déviance et société, Catherine Gorgeon relevait qu'en 1990, 83% des Français avaient une bonne opinion de la police. Ils étaient 82% en 1991. Seules les années 2012 et 2014 ont marqué une vraie rupture avec respectivement 67 et 65% d'opinions favorables d'après des sondages Ifop.
«L'opinion des Français sur la police a toujours été bonne et assez stable. Il n'y a pas d'évolution majeure avec les récents sondages», note Laurent Mucchielli, sociologue de la police. Dans un texte publié sur le site metropolitiques.eu, le sociologie Christian Mouhanna précisait:
«L’image d’une France majoritairement anti-police, comme trait culturel national, est alimentée par les policiers eux-mêmes, qui se croient plus mal aimés qu’ils ne le sont en réalité. Elle ne résiste pourtant pas aux analyses qui convergent pour montrer un très fort soutien –cette majorité d’opinions positives ne devant toutefois pas cacher de fortes disparités dans la société française à ce sujet.»
Plus de confiance que de sympathie
C'est dans les sentiments qu'évoquent la police que se décèle la véritable évolution des dernières années. Aujourd'hui, 56% des Français assurent que les forces de l'ordre inspirent de la confiance, ils n'étaient que 44% en juin 2012 juste après le quinquennat de Nicolas Sarkozy. L'inquiétude baisse sensiblement (20% aujourd'hui contre 22% en 2012). Par ailleurs, la sympathie a connu une baisse assez significative (14% contre 20%) alors que l'hostilité est plus présente (10% contre 6%). Finalement, depuis deux ans, les données des sentiments liés à la police miment assez largement ceux de 1999.
Comme le rappelle Christian Mouhanna:
«Ce taux de satisfaction reste plus fort que celui dont sont crédités d’autres services publics –l’école ou l’hôpital, par exemple– et bien meilleur que celui de la justice.»
Bref, les enquêtes d'opinion de ces dernières années ne justifient pas «une utilisation abusive de la haine anti-flic par les syndicats policiers, largement alimentée par les récents événements de “Nuit Debout” et de la loi travail», rappelle Laurent Mucchielli. Il est tout aussi injustifié de présenter à l'inverse la cote d'amour de la police comme exceptionnelle quand les tendances qui en ressortent ont déjà été constatées.