Selon de Waal, l’analogie entre le jeu politique humain et les comportements sociaux des primates est plus complexe qu’on ne le croit souvent. À commencer par le rôle du mâle alpha ou mâle dominant, que Donald Trump incarne en apparence parfaitement par sa hardiesse, ses postures, sa manière de se vanter, de fanfaroner, d'intimider, d'insulter et jusqu'à sa coiffure –les chimpanzés dominants dressent leurs poils.
Sauf que, comme le rappelle le biologiste, la position de mâle alpha –celui qui occupe la première place dans la hiérarchie du groupe– ne s’acquiert par seulement par des démonstrations de force, mais aussi par la tactique: elle implique de passer des alliances avec d’autres mâles ainsi qu’avec des femelles du groupe. Un petit mâle peut devenir le mâle alpha s'il sait s'entourer de partenaires et d'alliés, auxquels il dispense des faveurs. Trump représenterait une version plutôt superficielle du mâle dominant, réduite à ces aspects comportementaux les plus théâtraux.
Solidarité féminine
Selon le chercheur, lors de la phase finale de la campagne, qui verra probablement Hillary Clinton et Donald Trump s’affronter, l’approche brutale de Trump montrera ses limites, et pourra même se retourner contre lui. La compétition entre femelles chimpanzés est certes féroce, explique-t-il, mais dès lors qu'il s'agit de violence masculine, elles se montrent solidaires entre elles, et s'allient contre un mâle trop intimidant ou qui essaie de les forcer à avoir des relatons sexuelles.
Les techniques rodées de Trump tant qu'il s'agissait d'humilier ses adversaires masculins lors de la primaire républicaine seront inadaptées voire contreproductives. «Si ça devient trop violent, il y aura une solidarité féminine massive [en faveur d’Hillary Clinton]. Je pense que c’est déjà en train d’arriver». La récente enquête accablante du New York Times sur le comportement de Trump avec les femmes qu’il a côtoyées va dans le sens de cette prédiction politique.