Culture

La mascotte de Cannes 2016 est un Chewbacca bulgare

Temps de lecture : 3 min

Présent dans deux films à Cannes, le kukeri fait sensation sur la Croisette avant de débarquer dans vos salles.

Au rayon tendances épilatoires, 2016 marque le grand retour du naturel et du poil porté long par le biais d’une créature qu’on retrouve dans deux films présentés à Cannes: Toni Erdmann et Apnée.


Avec ses longs poils soyeux et sa coolitude naturelle, la créature est devenue la bébette tendance sur la Croisette en 2016. Les festivaliers n’ont d’ailleurs pas tardé à s’en émouvoir sur Twitter, qu’ils soient journalistes français, programmateur américain, réalisatrice-scénariste ou bien simple cinéphile.


L’animal a même eu droit à sa montée des marches, sans le moindre fashion faux-pas.


Grosse poilade

Tout a commencé lors de la projection de Toni Erdmann, présenté en compétition. Le film de l’allemande Maren Ade raconte l’irruption burlesque (et malaisante) d’un père dans la vie bien réglée de sa fille, une femme d’affaire ambitieuse. Bien décidé à la dérider –il la croit malheureuse–, l’histrion s’incruste ainsi aux très sérieuses réunions business de sa fille expatriée à Bucarest, sous une nouvelle identité: déguisé, avec une perruque et un dentier grotesques le plus souvent.

Mais aussi, lors du climax du long métrage, sous une impressionnante couche de poils. Ce qui est assez logique finalement dans la scène en question, puisque pour teambuilder sereinement, sa fille a demandé à tous les membres de son équipe de venir à sa réunion dans le plus simple appareil (à «poil», donc : vous l’avez?). Mais surtout, le film se passe à Bucarest, c’est-à-dire en Roumanie, pays dans lequel on se déguise en Kukeri lors des fêtes du Nouvel An. Kukequoi?

Chasser les mauvais esprits

Le rituel de Kukeri viendrait de la région balkanique de Thrace. Il est pratiqué en Bulgarie notamment, mais aussi en Serbie et donc en Roumanie. La créature est une sorte de Chewbacca, mais sans Han Solo et les cris de porte qui grince et avec un coup de girafe, des masques d’animaux en bois et des cloches accrochées à la ceinture. Il a l’air un peu flippant comme ça, au premier abord, mais en vrai le Kukeri est super sympa: ce Yeti vous veut du bien. En effet, son but est de venir chasser les mauvais esprits du village, mais aussi d’apporter paix, bonnes récoltes et fécondité pendant l’année suivante. Pour cela, il danse lors d’une espèce de parade festive spéciale réveillon.

Avec une choré bien à lui:


L’apparition du Kukeri dans Toni Erdmann est mémorable. D’abord, drôle car incongrue, surréaliste, puis plus apaisante et douce comme un gros doudou réconciliateur. Elle paraît beaucoup moins déplacée dans Apnée, le film de Jean-Christophe Meurisse présenté à la Semaine de la critique. Car le film est lui-même totalement loufoque: on y fait du patinage artistique avec un masque de catcheur mexicain pour tout vêtement, on y croise une autruche au supermarché sans sourciller, on y invente des parc d’attractions staliniens entre deux virées en trouple sur des quads, bref on y fait n’importe quoi dans la joie et la bonne humeur.


Et ce wtf n’est pas étonnant, puisque Apnée est une création des Chiens de Navarre, aka la troupe de théâtre la plus déjantée de l’hexagone. Dans cette virée anar, hilarante et utopique, on ne s’étonnera donc pas de voir ce bon gros géant poilu de Kukeri se muer en facteur corse aux talents hors-norme pour la bagatelle. Une bête de sexe, notre Chewbacca en peau de chèvre? Et pourquoi pas: en Bulgarie il n’est parait-il pas rare de l’admirer en train d’annoncer le printemps muni de son imposant pénis en bois.

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