Dans certaines usines des plus grands producteurs de volailles des Etats-Unis, prendre une pause pipi est tellement compliqué que les ouvriers se retrouvent parfois à porter des couches, rapporte le Washington Post. Ces conditions de travail dégradantes sont décrites dans un rapport d'Oxfam intitulé: «Pas de répit. Les refus de pause WC dans l'industrie de la volaille.»
L'enquête est basée sur une centaine d'entretiens avec des employés de Perdue, Tyson Foods, Pilgrim's et Sanderson Farms. On y apprend que certains managers recommandent aux employés de ne pas trop boire et manger, et que certains ouvriers «limitent leur consommation de boissons et d'aliments à des niveaux dangereusement bas». Lorsque les pauses pipi existent, elles sont compliquées par le fait que les employés doivent parfois faire des queues de dix minutes pour aller aux toilettes. Selon le rapport, il y a eu plusieurs cas d'ouvriers qui se sont fait caca ou pipi dessus en travaillant.
«J'étais obligée de porter des Pampers. Moi et beaucoup d'autres étions obligés de mettre des Pampers» a déclaré une employée à Oxfam.
D'autres ouvriers interviewés ont expliqué que dans une usine de l'Alabama, les chefs menaçaient les employés en disant: «va aux toilettes et après, va aux ressources humaines», et que dans d'autres usines, obtenir l'autorisation d'aller aux WC pouvait prendre entre vingt et soixante minutes.
Comme le rappelle le Washington Post, plusieurs autres rapports avaient révélé des problèmes similaires dans l'industrie du poulet. En 2013, le Southern Poverty Law Center avait trouvé qu'en Alabama, 80% des 266 ouvriers de la volaille interviewés n'avaient pas le droit d'aller aux toilettes quand ils en avaient besoin. Et en avril, une association de défense des droits des travailleurs avait publié une étude montrant que 86% des employés interrogés dans le Minnesota n'étaient autorisé à prendre que deux pauses pipi par semaine.
Les entreprises mentionnées dans le rapport Oxfam ont toutes répondu qu'elles autorisaient leurs employés à prendre des pauses. Une porte-parole de Perdue a précisé que les travailleurs avaient droit à deux pauses de trente minutes pour une journée de huit heures. Seul le représentant de Tyson Foods a déclaré qu'ils enquêteraient pour savoir si les managers respectaient bien les règles dans toutes leurs usines.