Une étude publiée le 5 mai dans la revue PLOS Pathogens est la première à décrypter les mécanismes cellulaires expliquant pourquoi l’estradiol, une hormone féminine que l’on retrouve dans certaines pilules contraceptives, permet de protéger les femmes contre des maladies sexuellement transmissibles.
Des études antérieures avaient déjà observé l’effet protecteur de l’estradiol contre l’herpès, mais aussi le VIH-1 et les chlamydiae, sans pouvoir l’expliquer.
Menée sur des souris par l’équipe de Charu Kaushic, du département de pathologie et de médecine moléculaire de l’Université McMaster, au Canada, l’étude de PLOS Pathogens révèle que l’hormone active les cellules dendritiques du vagin, ce qui stimule l’action anti-virale des lymphocytes T –les cellules de la réponse immunitaire secondaire ou «acquise». Qui plus est, ce boost immunitaire généré par l’estradiol serait spécifique aux cellules vaginales, car les chercheurs ne l’ont pas détecté dans d’autres tissus.
«À notre connaissance, notre étude est la première à montrer comment l’estradiol peut stimuler le système immunitaire et l’aider à combattre des infections virales», explique Kaushic.
Contraceptifs
Dans son étude, des souris sans ovaires se sont vu implanter un petit dispositif libérant de l’estradiol pendant vingt-et-un jours. Ensuite, les animaux recevaient deux doses successives d’un vaccin expérimental contre l’herpès simplex (HSV-2, la souche de l’herpès génital), sous la forme d’un spray nasal, et une forte dose du virus leur était inoculée. À la fin de l’expérience, contrairement au groupe de contrôle, les souris implantées avaient majoritairement survécu et manifestaient des symptômes bien moins graves de la maladie.
«Si le mécanisme peut être vérifié chez les femmes, nous aurons donc jeté les bases de solutions à beaucoup de problèmes de santé publique. En particulier, cela nous permettra de savoir si certains contraceptifs sont plus conseillés que d’autres pour des femmes présentant un risque élevé d’infection par des maladies sexuellement transmissibles», ajoute la scientifique.
En outre, l’étude permet de mieux comprendre «quel type d’immunité peut protéger les femmes contre les infections sexuellement transmissibles et comment nous pouvons utiliser ces informations pour mettre au point de meilleurs vaccins».
Avec plus de 530 millions de personnes infectées dans le monde –et un taux d’infection supérieur chez les femmes–, l’herpès est l’une des maladies sexuellement transmissibles les plus courantes au monde. Elle est un cofacteur de l’acquisition et de la transmission du VIH et aucun vaccin réellement efficace n’a encore été mis au point pour la prévenir.