Le quartier général d'Apple est installé à Cupertino, en Californie, depuis 1993, et un nouveau bâtiment futuriste y sera inauguré l'année prochaine. Mais la multinationale a aussi une filiale à Reno, dans le Nevada, où sont gérés la comptabilité et les investissements des profits de l'entreprise. Or, dans cet Etat, le taux d'imposition sur les sociétés est de zéro pour cent, contre 8,8% en Californie.
Grâce à cette stratégie, Apple évite de payer des millions de dollars en impôts qui reviendraient à la Californie. Le maire de Cupertino, le démocrate Barry Chang, élu en décembre dernier, trouve que ce n'est pas juste. Sa ville de soixante mille habitants a besoin de nouvelles infrastructures, et il voudrait bien que le géant de l'informatique mette la main au porte-monnaie.
Il a donc émis une proposition pour augmenter les impôts sur les entreprises de plus de cent employés. Son idée était de lever des fonds pour les routes et les transports publics car la région a de graves problèmes de congestion, mais les membres du conseil municipal n'ont pas voté pour: Apple représente des milliers d'emplois dans la ville, et de nombreux élus locaux évitent donc de contrarier ses dirigeants. Et lorsque Chang a essayé d'organiser un rassemblement devant les bureaux d'Apple pour demander une plus grande contribution, personne n'est venu.
«Apple ne veut rien payer. Ils font des profits et ils devraient partager les responsabilités à l'égard de notre ville, mais ils ne veulent pas», a-t-il déclaré au Guardian.
Apple paye tout de même des impôts à Cupertino –environ 9,2 millions de dollars de 2012 à 2013. Mais grâce à sa stratégie de comptes offshore et de filiales localisées dans des Etats comme le Nevada, la société économise des milliards de dollars. Selon l'organisation Citizens for Tax Justice, si Apple n'avais pas recours à ce type de montage fiscal, la multinationale devrait actuellement 59 milliards de dollars en impôts aux Etats-Unis. Apple n'est pas la seule entreprise à utiliser ces stratagèmes, mais elle est une des premières à les avoir mis en place.