L’art de Georgia O’Keeffe, peintre américaine majeure du XXe siècle, est plein de fleurs. Des fleurs aux couleurs obsédantes, aux formes voluptueuses, cocons de beauté dont le pistil vous happe. Des fleurs qu’on a souvent comparées à des vagins.
À tel point que Buzzfeed en a fait un quiz amusant («Est-ce un Georgia O’Keeffe ou un vagin?»). Et que la Tate Modern a organisé une rétrospective pour remettre en cause cette vision et faire valoir la parole de l’artiste, qui a passé soixante ans à nier l’aspect sexuel de ses fleurs, une vision «conservatrice et masculine», selon elle.
Georgia O'Keeffe |Series 1, No. 8 via Wikimedia Commons CC Public domain License by
Difficile pour une prof d’histoire de l’art qui explique l’œuvre de Georgia O’Keeffe de passer sous silence ces années de controverse. Allison Wint, une prof de collège du Michigan, a donc relaté la chose à ses élèves de quatrième, en répétant huit fois le mot «vagin». Ce qui lui a valu... une exclusion, raconte le Washington Post (un article repéré par le blog Women in the World).
Puritanisme
Les professeurs de l’établissement de Harper Creek font valoir le règlement: il serait tout bonnement interdit de prononcer le mot vagin dans cette école sans autorisation explicite. Et peu importe si Allison Wint n’était pas «vulgaire», comme elle l’explique, mais utilisait ce mot dans un sens purement anatomique.
Cela peut paraître tout bonnement fou, mais aux États-Unis, le mot vagin est devenu tabou. Des parents ont porté plainte contre une enseignante de biologie qui avait prononcé ces lettres. L’ex-candidate à la primaire républicaine Carly Fiorina, que ses concurrents avaient accusé de devenir «complètement vagin», a refusé de répéter le terme, disant à la place «V-Word» («le mot en V»). Une parlementaire américaine a même été interdite de parole à l’Assemblée nationale pour l'avoir utilisé. Un exemple de plus du puritanisme et du sexisme américain, où les ados regardent du porno dès 11 ans, mais où les femmes doivent cacher leurs seins, y compris lorsqu’il ne s’agit que de statues...