Pour l’heure, la cryogénisation reste une science imparfaite. Mais, dans les années, décennies ou siècles à venir, cette technique de conservation des corps pourrait bien jouer un rôle clé dans la préservation et le futur de l’humanité. Dans une enquête, la BBC s’est projetée dans l’avenir et s’est demandée à quoi ressembleraient nos existences si le retour à la vie par la cryogénisation et la vitrification venait à fonctionner.
Rachel Nuwer, la journaliste scientifique à l’origine de l’enquête, explique que reprendre le cours de sa vie après un tel voyage dans le temps ne serait probablement pas évident:
«Ils auront pour défi de reconstruire leur vie en tant qu’étranger dans un monde qui leur est étranger. Les conditions de ce retour dépendront d’une multitude de facteurs: la durée de leur absence; le type de société dans laquelle ils atterriront; le fait de retrouver des gens qu’ils connaissaient auparavant...»
Recommencer à zéro
Les experts en cryogénisation planchent depuis de nombreuses années sur les scénarios potentiels de retour à la vie. Si les avancées technologiques dans le domaine sont suffisamment rapides, certains patients cryogénisés pourraient retrouver, à leur réveil, des membres de leur famille qu’ils ont connus au cours de leur existence «antérieure». Leurs petits-enfants, par exemple.
Mais ces prédictions scientifiques –qui planchent sur des dispositifs viables d’ici une quarantaine d’années– semblent toutefois très (trop?) optimistes, souligne Rachel Nuwer. D’autres estimations misent sur des avancées fiables d’ici un siècle voire davantage. Dans un tel scénario, les patients n’auront plus vraiment l’occasion de retrouver des proches à leur retour –ou alors seulement de lointains descendants. Cette incertitude pousse aujourd’hui des familles entières ou des couples à candidater à la cryogénisation à leur décès afin de ne pas se retrouver seuls dans leur potentielle vie future, écrit la BBC.
Pour ceux qui se retrouveraient seuls à leur retour, Dennis Kowalski, directeur du Cryonics Institute, se veut rassurant. Il explique à la BBC que des liens privilégiés pourraient se créer entre les différents patients cryogénisés, à l’image de ceux que peuvent entretenir des réfugiés qui arrivent dans un nouveau pays. Ces patients partageraient, par exemple, leurs souvenirs d’une époque passée et leurs expériences vécues dans leur vie antérieure.
Cette enquête passionnante de la BBC se penche aussi sur la qualité de vie future de ces patients, sur les difficultés financières ou les séquelles physiques qu’ils pourraient rencontrer à leur retour et sur l’adaptation à un tout nouveau corps, à une nouvelle culture ou un nouvel environnement...