Ne vous a-t-on jamais dit que la curiosité est un vilain défaut? Une étude démontre que si celle-ci a permis de faire avancer l’humanité, elle nous pousse parfois à prendre des décisions que nous savons mauvaises, rapporte Science Daily. Pour mener à bien cette expérience, publiée le 21 mars 2016 dans la revue Psychological Science, deux chercheurs de l’université de Chicago et de Wisconsin-Madison ont testé cinquante-quatre étudiants à leur insu. C’est dans la salle d’attente de l’expérience à laquelle ils avaient accepté de participer que les observations ont eu lieu.
Dix stylos, cinq rouges et cinq verts, ont été laissés à la disposition d’une partie des étudiants, prétendument datant de la précédente expérience. Dans une autre salle, un autre groupe disposait de dix stylos jaunes. Les scientifiques ont pris le soin de leur expliquer que les rouges donnaient une décharge électrique lorsqu’on faisait sortir la mine, mais pas les verts et que le résultat était aléatoire pour les jaunes. Résultat, les étudiants du premier groupe ont actionné moins de stylos que ceux du deuxième groupe. Une seconde expérience avec trois fois dix stylos de chaque couleur a donné des résultats équivalents.
Boîte de Pandore
Pour rendre compte de ce que ressentaient les candidats qui avaient satisfait leur curiosité, les chercheurs ont mené un troisième test. Les participants ont été confrontés à une machine comportant de quarante-huit boutons qui produisent un bruit lorsqu’on clique dessus. Certains notifiés «agréables», d’autres «désagréables», et d’autres où rien n’était indiqué. Ces derniers ont été les plus cliqués. Et même si les étudiants curieux se sentaient mal après coup, ils continuaient. Au final, les candidats qui avaient été confrontés à des issues incertaines plus nombreuses se disaient moins heureux que ceux qui n'avaient pas cédé à cette tentation.
«Les personnes curieuses ne font pas toujours des analyses de conséquences coût-bénéfice et peuvent être tentés de chercher les informations manquantes même lorsque le résultat est dangereux pour eux», écrit Bowen Ruan, un des deux coauteurs de l’étude.
Le péché originel de la Bible, survenu dans le Jardin d'Éden, ou, dans la mythologie grecque, le mythe de la boîte de Pandore n'ont donc rien perdu de leur acuité.