Pour certains, le trait d’humour a du mal à passer. Les étudiants en sixième année de médecine de trois facs parisiennes passaient ce vendredi 8 avril un iECN blanc les préparant au grand examen de fin d’année menant au choix de sa spécialité. Si les élèves étaient habitués à trouver des calembours ou une forme d’humour dans la formulation des questions, ils ne s’attendaient en aucun cas à ça.
À la question n°37, on leur présentait le cas d’une patiente de 35 ans qui reçoit une fessée sur son lieu de travail par son supérieur hierarchique devant ses collègues et qui consulte aux urgences. Là, il est présenté différents types de réactions du professionnel en charge de l’auscultation. Parmi les choix possibles, le tout dernier: «Vous lui demandez d’aller au coin car elle n’a pas été sage.»
Le harcèlement sexuel au travail fait beaucoup rire les médecins qui rédigent les examens blancs de ma fac. Honteux pic.twitter.com/HGenXbveBy
— Pauline(tte) (@pziou) April 8, 2016
Sur Twitter, Pauline(tte) a ouvertement regretté le sexisme de la question. Jointe au téléphone, elle explique que, pour elle, une telle formulation est symptomatique d’un état d’esprit très masculin propre aux facultés de médecine. «C’est toujours sous couvert d’humour ou de tradition, décrypte-t-elle. Beaucoup ne se rendent pas compte que c’est tout simplement sexiste.»
Elle cite notamment la violence de certaines remarques que les étudiantes subissent de manière quasi systématique en chirurgie: «Une fois, j’ai expliqué qu’il pouvait m’arriver de faire des malaises. On m’a répondu que j’allais me réveiller avec une bite dans l’oreille.»
Un mal profond
En janvier 2015, une fresque grivoise, peinte sur les murs d’une salle d’internes du CHU de Clermont-Ferrand, avait déclenché une polémique nationale. Slate pointait alors dans un long article le fait que le sexisme ordinaire s’était durablement implanté dans la médecine, que ce soit dans les études, les soirées, la profession, les pratiques médicales, le rapport des patients aux médecins et des médecins aux patientes.
«Toute autre personne peignant sur un mur serait verbalisée. Les étudiants en médecine, non. Ça témoigne d’un sentiment de propriété et d’impunité très problématique», commentait alors Martin Winckler. «C’est une attitude de caste. Et l’attitude de caste fait le lit de toutes les dominations, le sexisme n’étant que la plus commune», fustigeait l’écrivain, qui regrettait que des médecins soient «fiers de se montrer librement avec leurs érections et leurs conquêtes sexuelles».
Manifestement, les mentalités ont encore beaucoup de mal à evoluer.