Steve Wozniak, le cofondateur d’Apple, se considère un peu comme un artiste. Selon lui, les ingénieurs qui ont apporté des inventions majeures à l’humanité travaillent comme les créateurs: seuls. «Je ne crois pas que quoique ce soit de révolutionnaire ait jamais été inventé par un comité», écrit-il à propos du processus d’innovation. Des études ont d’ailleurs montré la supériorité de la réflexion solitaire sur la génération d’idées en groupe.
Cette sagesse se heurte à la marche d’un monde dans lequel chacun est toujours plus connecté aux autres, que ce soit dans l’espace physique ou par l’intermédiaire des technologies de communication à distance, et à des sollicitations innombrables qui empruntent les multiples canaux du marketing.
Temps calme
Dans ce contexte hostile d’infobésité permanente, un article de Quartz insiste sur les vertus du travail solitaire, à une époque où la demande de créativité a supplanté l’exigence de conformité aux normes dans le domaine professionnel. Cette capacité à travailler seul n’est cependant pas comparable avec un état d’ennui, et encore moins avec la détresse de la solitude. Il s’agit plutôt d’un état de complétude dans lequel l’individu donne le meilleur de lui-même.
Selon Ester Buchholz, psychologue et auteure d’un essai sur la solitude, «les autres nous inspirent, les informations nous nourrissent, la pratique améliore notre performance, mais nous avons besoin de moments de calme pour comprendre les choses, faire des découvertes et pour faire émerger des réponses originales.»
Cela suppose par contre d’affronter ses émotions et de faire face à ses souvenirs sur de longues périodes. Ou, comme le formule la romancière danoise Dorthe Nors, à rester dans une zone d’inconfort émotionnel pour en tirer l’inspiration. Sans devenir ermite pour autant, être capable de s’isoler peut donc s’avérer bénéfique.