On ne parle pas tous la même langue, mais notre façon d’exprimer un refus est universelle. À travers l'expression de notre visage. C’est ce qu’affirme une publication parue dans le journal scientifique Cognition, rapporte Discover Magazine.
L’étude, menée sur 184 personnes, se base sur un examen très prècis de la «Not Face» –littéralement, «le visage du non». Celui-ci est composé de trois expressions distinctes –le dégoût, l’énervement et le mépris– qu'Aleix Martinez et son équipe de chercheurs de l'université de l'Ohio avaient déjà analysé par algorithme par le passé.
| Capture d'écran de l'étude. C.F. Benitez-Quiroz et al. / Cognition 150 (2016) 77–84
Sourcils froncés
Pour arriver à leur conclusion, les chercheurs ont étudié quatre éléments distincts. La première expérience consistait pour les participants à «reproduire une expression faciale de négation». Ils étaient encouragés à «exprimer la négation aussi clairement que possible en minimisant les mouvements de la tête».
Dans le deuxième cas, les sujets devaient mémoriser une phrase dans leur langue natale –anglais, chinois, espagnol avant de la prononcer à l'oral comme s'ils étaient en pleine conversation. Une troisième expérience était identique à la deuxième, mais utilisait le langage des signes. Pour finir, les chercheurs se sont intéressés à la fréquence d'expression de la «Not Face» dans les diverses vidéos recueillies dans leur lab.
Avant le langage?
L'étude conclut que la «Not Face» est globalement identique partout. Les sourcils se froncent, le coin de la bouche se resserre, et le menton se contracte. Elle est donc l'expression unique des ces mouvements conjoints du visage.
Capture d'écran de l'étude. C.F. Benitez-Quiroz et al. / Cognition 150 (2016) 77–84
Ceux-ci sont, par ailleurs, aussi fréquents que les syllabes, ce qui laisse penser que la «Not Face» pourrait même avoir précédé et influé le langage. Certaines personnes qui utilisent la langue des signes expriment ainsi le «non» uniquement à travers le visage.
Le professeur en ingénierie électrique et informatique Aleix Martinez a expliqué à Eurekalert que «à [sa] connaissance, c’est la première fois qu’il existe une preuve que les expressions faciales que nous utilisons pour communiquer un jugement moral négatif constituent une partie unique du langage universel».