Tech & internet

La surveillance de masse fait taire les opinions minoritaires sur internet

Temps de lecture : 2 min

Une nouvelle étude montre que les révélations sur les écoutes poussent un peu plus les gens à s’autocensurer en ligne.

Changping using Google | Mr Thinktank via Flickr CC License by
Changping using Google | Mr Thinktank via Flickr CC License by

Au moment d’appuyer sur la touche entrée de votre clavier pour valider un commentaire Facebook ou de cliquer sur la touche «Tweeter», il se peut que vous hésitiez un instant en vous posant une série de questions: Ai-je vraiment envie que mon opinion sur tel ou tel sujet apparaisse en ligne aux yeux de tous? Ai-je vraiment envie que l’État tombe dessus, pour peu qu’il s’intéresse à tel ou tel réseau social?

Rassurez-vous, ce genre de comportement ne relève pas de la paranoïa, mais bien d’un tournant sociétal, si l’on en croit Elizabeth Stoycheff, de l’université de Wayne State à Detroit. Dans son étude intitulée «Sous surveillance: examen de l’effet de la spirale du silence sur Facebook depuis les révélations sur la surveillance d’internet par la NSA», la chercheuse a voulu voir si les internautes se retiennent d’exprimer leur opinion si celle-ci est minoritaire au sein d’un groupe en ligne.

Le Washington Post explique sur son site que Stoycheff a mené une expérience avec des participants qui, dans un premier questionnaire, devaient expliquer leurs opinions politiques, leurs traits de personnalité et leur activité en ligne. Ensuite, elle a régulièrement rappelé à une partie des participants que la surveillance de masse s’appliquait sur eux aussi via internet et leur a donné un nouveau questionnaire sur leur opinion à propos de sujets sensibles. Résultat, «la majorité des participants a réagi en supprimant leurs opinions qu’ils jugeaient comme étant minoritaires».

Ce qui se cache derrière ce phénomène, c’est l’effet «spiral du silence», une problématique déjà bien connue puisque le Pew Research Center avait analysé le phénomène en 2014 en se concentrant cette fois sur le réseau d’amis en ligne. Il en avait conclu que si l’opinion d’une personne diffère au sein de ce groupe, alors elle aura tendance à la refouler pour éviter de se sentir isolée en ligne.

Aujourd’hui, on apprend avec cette nouvelle étude que la spirale du silence trouve également son origine dans la peur de la surveillance de masse révélée en 2013 par Edward Snowden. «De nombreuses personnes avec qui j’ai parlé disent ne pas se soucier de la surveillance en ligne parce qu’ils ne violent aucune loi et qu’ils n’ont rien à cacher, explique Elizabeth Stoycheff au Washington Post. Et je trouve cette façon de se justifier extrêmement troublante.»

En effet, ceux qui affirmaient n’avoir rien à cacher étaient ceux qui étaient le plus à même de s’autocensurer en ligne dans son étude. Un drame pour la chercheuse, engagée dans la lutte contre la surveillance de masse.

«L’adoption des techniques de surveillance, aussi bien par le gouvernement et par le secteur privé, sous-estime la capacité d’internet à servir de plateforme neutre pour une délibération honnête et ouverte, estime-t-elle. Ces techniques commencent à retirer à internet sa capacité à servir de lieu ouvert à toutes les voix et à diffuser uniquement celles qui dominent.»

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