Après les attentas de novembre, la journaliste Lily Hay Newman faisait remarquer que Facebook endossait une «grave responsabilité» en actionnant son Safety Check, à cause des «émotions» induites par une telle fonctionnalité, et par l'«incertitude» qui lui est liée. Cet outil, lancé en 2014, permet aux utilisateurs de Facebook proches d’une zone dangereuse, qu’il s’agisse d’une scène d’attentats ou d’une catastrophe naturelle, de «vérifier» («check») et de déclarer qu’ils sont bien en «sécurité» («safety»).
L’heure de rendre des comptes est peut-être déjà venue, après un bug signalé dans la foulée de l’explosion dimanche 27 mars à Lahore, au Pakistan, où au moins 56 personnes sont mortes selon l’AFP. L’application a en effet demandé à plusieurs utilisateurs présents en France au moment de l’explosion s’ils étaient «en sécurité», dont notre journaliste à Slate.fr Mélissa Bounoua:
Nous sommes tous au Pakistan pic.twitter.com/5xXD8x8PfW
— Melissa Bounoua (@misspress) 27 mars 2016
«Reçu la même notification», lui répond un photographe. Une minute plus tard, une autre journaliste tweete un message similaire d’une personne affirmant résider à Hambourg, en Allemagne:
Gros gros bug du Safety Check de Facebook dans le monde entier pour le #Pakistan #Lahore https://t.co/0fzilpfSbT
— Assma Maad (@Assma_MD) 27 mars 2016
Une petite recherche rapide sur Twitter permet de constater que des gens ont vraisemblablement été touchés en Inde et en Egypte. Les sites de The Independent, de Metro UK et bien d’autres médias ont eux aussi rapporté des plaintes similaires.
«J'ai trop flippé»
Facebook a très vite reconnu le «problème» et s'est excusé selon le site Gawker, mais n’a pas fourni d’explications techniques.
Sur Twitter, de nombreux utilisateurs ont déclaré avoir eu peur et ont critiqué Facebook:
Thankfully I'm nowhere near the #Lahore bombing. Facebook Safety Check gave me a fright for sec making me think something nearby happened.
— JoshWotes (@JSe3ow) 27 mars 2016
Traduction: «Heureusement je ne me trouve pas près de l’explosion à Lahore. Le Safety Check de Facebook m’a fait vraiment peur pendant une seconde en me donnant l’impression que quelque chose de grave s’était produit à côté.»
J'ai trop flippé ya un pauvre bug facebook qui a mit en marche le safety check.
Le Security Check de @Facebook a encore quelques progrès à faire... pic.twitter.com/oobCaVPlMO
— François d'Estais (@fdestais) 27 mars 2016
Ce bug (ou piratage?) est un exemple de la «grave» et peut-être trop grande responsabilité endossée par le réseau social, qui prend le risque de susciter la panique chez ses utilisateurs. Comme le faisait remarquer Lily Hay Newman en novembre:
«Nos mises à jour de statuts peuvent nous paraître des actes minuscules et éphémères, mais quand il s’agit de ces notifications en particulier, nous devons être conscients de leur gravité: ce sont littéralement des questions de vie ou de mort».