D'après El Pais, les bénéfices de la mammographie dans la lutte contre le cancer du sein seraient surestimés. S'il ne fait pas de doute qu'un diagnostic précoce permette de sauver des vies, le nombre de femmes épargnées par ce moyen est statistiquement assez faible. Ceci fait dire au quotidien espagnol que la propagande l'emporte sur les chiffres.
Selon une étude publiée en septembre par le Journal of the National Cancer Institute, 92% des femmes surestiment très largement l'effet des mammographies sur la réduction de la mortalité par cancer du sein. Le journal souligne qu'étant donné les risques d'erreur que présentent ce type d'examens, la décision de les subir devrait être prise en tout connaissance de cause quant à ses bénéfices réels.
La question posée par cet étude était la suivante: pour 1000 femmes de plus de 40 ans qui font l'examen tous les 2 ans, dans quelle proportion est diminué le nombre de personnes qui sont décédées du cancer du sein dix ans plus tard?
Sur 1000 femmes qui ont fait une mammographie, quatre en moyenne meurent du cancer du sein, contre cinq en l'absence de mammographie. Le chiffre généralement avancé est d'au moins 20% de réduction de la mortalité par cancer du sein grâce aux mammographies. Contradiction? Non, passer de 5 sur 1000 à 4 sur mille est bien une réduction de 20%.
Mais selon Lisa Schwartz, professeur de Médecine familiale et collective à la faculté de médecine de Dartmouth, Etats-Unis, citée par El Pais, ce choix de la valeur relative plutôt qu'absolue «résulte en une confusion pour la plupart des gens», car «la réduction du risque paraît plus importante qu'elle ne l'est réellement.»
Or la mammographie présente des risques mal connus: outre les radiations reçues lors de l'examen, 10 femmes sur 1000 suivies pendant une décennie auraient été diagnostiquées, et donc traitées, à tort, subissant parfois inutilement une ablation mammaire partielle ou totale.
Cette affirmation vient du Centre Cochrane au Danemark, une ONG qui milite pour du soin médical «basé sur la preuve». Son responsable Peter Gotzsche sous-entend que le remède est pire que le mal dans un rapport sur la question.
Aux Etats-Unis les autorités sanitaires recommandent aux femmes de se soumettre à une mammographie tous les ans à partir de 40 ans, tandis qu'en Europe ces examens sont conseillés à partir de 50 ans.
En France, un programme de dépistage a été organisé depuis 2004, permettant aux femmes de bénéficier d'un dépistage entièrement remboursé tous les deux ans à partir de 50 ans. L'Insitut National de Veille Sanitaire (INVS) précise dans une étude épidémiologique que ce programme a permis de dépister 12 413 cancers pour la seule année 2005, soit un taux de cancers de 6,7 pour 1000.
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