Après les attentats de Bruxelles de ce mardi 22 mars, les réactions des deux candidats en tête pour la présidentielle américaine, Donald Trump et Hillary Clinton, ont encore une fois révélé la profondeur de leurs différences. Alors que Clinton a parlé de mesures concrètes indiquant sa connaissance du dossier, Trump a répété ses vieux projets de fermer les frontières aux musulmans et d’autoriser le waterboarding, soit la torture par l’eau.
«Honnêtement, le waterboarding, si c’était moi qui décidais, et si on changeait les lois, le waterboarding serait autorisé... et si on pouvait élargir la loi, je ferais beaucoup plus que le waterboarding», a déclaré le milliardaire sur la chaîne NBC.
Il a également fait référence à son idée d’interdire tous les musulmans du territoire américain, un plan qu’il avait évoqué après l’attaque terroriste de San Bernardino en décembre 2015.
Sur la chaîne Fox News, il a déclaré:
«Ça va être de pire en pire. Je crois que c’est juste le début. Ça va être de pire en pire parce que nous sommes laxistes et stupides –on ne peut pas autoriser ces gens, en ce moment, on ne peut pas autoriser ces gens à venir dans notre pays. Je suis désolé.»
Peu importe que ce type de mesure soit hors sujet dans la mesure où la question est de savoir comment éviter des attentats en Europe, souvent perpétrés par des djihadistes de nationalités européennes.
Une meilleure coopération
De son côté, l’ancienne secrétaire d’État a parlé sur ABC News de coopération plus étroite avec les partenaires européens, tout en critiquant le cadre juridique de la lutte contre le terrorisme:
«Si vous regardez les restrictions légales que les autorités belges doivent suivre, comme l’interdiction des perquisitions nocturnes, même après qu’ils ont localisé Salah Abdeslam, c’est absurde.»
Clinton pense qu’il faut que les agences de renseignement et les forces de l’ordre réfléchissent honnêtement à ce qui fonctionne ou pas en termes de lutte contre le terrorisme.
L’ancienne première dame a aussi déclaré que contrairement à ce que dit Trump, les musulmans doivent être des partenaires dans la lutte contre le terrorisme:
«Nous devons rester unis. Les musulmans américains sont importants. Ils représentent les premières lignes de défense que nous avons aux États-Unis pour savoir ce qui se passe, pour être alerté si quelqu’un agit de manière suspicieuse.»
Ted Cruz et les quartiers musulmans
Selon un sondage paru début mars, les Américains font plus confiance à Clinton qu’à Trump dans domaine du terrorisme (avec une marge de quatorze points en faveur de Clinton). Il faut dire que les déclarations du milliardaire new-yorkais sur le sujet sont souvent très confuses, comme dans cette interview du 21 mars avec le Washington Post, dans laquelle un journaliste lui demande s’il compte utiliser l’arme nucléaire contre Daech:
«Je ne veux pas utiliser, je ne veux pas commencer un processus nucléaire. Vous vous rappelez quand tout le monde a dit que j’étais un contreur? Rubio m’a tapé. Bush m’a tapé. Quand je dis qu’il n’avait pas d’énergie, il n’a pas beaucoup d’énergie, il m’a tapé en premier. Et au fait, il a dépensé 18 millions de dollars en publicités négatives contre moi...»
Le journaliste tente ensuite de le recadrer, mais Trump change encore de sujet.
Quant à Ted Cruz, en deuxième place du côté républicain, il a publié un communiqué intitulé: «Il faut arrêter de capituler face à l’ennemi à cause du politiquement correct.» Le sénateur texan demande notamment que la police soit autorisée «à faire des patrouilles et à sécuriser les quartiers musulmans avant qu’ils ne soient radicalisés».