Vous le voyez arriver tous les matins en retard au bureau et vous demandez d’où lui vient cette fâcheuse habitude. Sachez donc que ce collègue qui vous agace tant est peut-être tout simplement un oiseau de nuit dont l’horloge biologique n’est pas capable de s’adapter à celle imposée par la société. C’est en tout cas ce qu’affirme le site Vox dans un article qui s’appuie sur plusieurs études scientifiques.
Seulement 30 à 50% des personnes ont une horloge biologique adaptée au rythme du travail. Et, si les lève-tard, dont le manque de ponctualité matinale ne peut passer inaperçu, sont plus en proie aux critiques que les lève-tôt, le «social jet lag» qu’ils subissent met aussi leur santé en péril. En effet, il ne s’agit pas d’une simple habitude: c’est dans leurs gènes.
«Chaque cellule de l’organisme suit le rythme circadien. Cela semble être une réelle propriété fondamentale de la vie», estime Philip Gehrman, un chercheur sur le sommeil de l’Université de Pennsylvanie que Vox a interviewé.
Remettre les pendules à l’heure
Une étude menée sur vngt-quatre personnes publiée en 2012 dans Science Translational Medicine faisait part d’une expérience intéressante: après leur avoir fait décaler leurs heures de coucher et de réveil tous les jours pendant trois semaines, ces individus développaient des signes de prédiabète, c’est-à-dire un taux de sucre dans le sang anormal. La même année, d’autres chercheurs ont conclu que le «social jet lag» était un facteur important de prise de poids. Une corrélation a également été établie selon laquelle les couche-tard auraient davantage tendance à être dépressifs et à adopter des comportements à risques tels que le tabagisme.
Pour calibrer ses heures de sommeil sur celles que la société impose et remettre donc ses pendules biologiques à l’heure, il existe pourtant deux techniques:
- La première est la luminothérapie, qui favorise la production de mélatonine, l’hormone du sommeil, par le biais de lumière rouge en soirée et simule l’aube et donc facilite la sortie du sommeil avec une lumière bleue le matin.
- La seconde, la chronothérapie, est bien plus contraignante: elle consiste à retarder de deux heures chaque jour son heure de coucher et de lever jusqu’à revenir en une semaine à une heure de coucher plus «normale», entre 22 et 23 heures.
Mais attention aux rechutes. Une grasse matinée le week-end peut gâcher tous les progrès entrepris grâce à la luminothérapie. Et, selon Raj Dasgupta, membre de l’acamédie américaine de la médecine du sommeil cité par Vox, 90% des patients lève-tard qui ont testé la chronothérapie ont rechuté. Il serait peut-être temps d’adapter les horaires de travail plutôt que de vouloir transformer les lève-tard en lève-tôt.