Deux psychologues évolutionnistes ont découvert que la majorité des gens se disaient plus heureux lorsqu'ils vivaient dans des zones à faible densité de population et lorsqu'ils avaient plus d'interactions sociales avec des amis. Ils sont partis d'un sondage américain mené auprès de 15.000 personnes de 18 à 28 ans.
Mais en regardant les résultats de plus près, ils ont trouvé que cette corrélation était différente pour les gens particulièrement intelligents:
«L'effet de la densité de population sur la satisfaction personnelle était plus de deux fois plus grand chez les individus à QI faible que chez les individus à QI élevé...Et les individus plus intelligents étaient moins satisfaits de leur vie lorsqu'ils voyaient leurs amis plus fréquemment», écrivent Satoshi Kanazawa et Norman Li dans le British Journal of Psychology.
Comme l'explique l'économiste Carol Graham, interviewée par le Washington Post, cette différence tient probablement au fait que les personnes plus intelligentes ont moins tendance à voir leurs amis parce qu'elles se concentrent sur des objectifs professionnels ou artistiques importants.
Mais Kanazawa et Li ont une autre perspective sur ces résultats. Selon leur théorie du bonheur dans la savane («savanna theory of happiness»), nous sommes aujourd'hui des créatures sociales car nos ancêtres vivaient dans la savane en bandes de cent cinquante chasseurs-cueilleurs, et dans un tel contexte, garder contact avec des amis et alliés était nécessaire à la survie.
Leur approche est de dire que «la satisfaction personnelle des individus n'est pas seulement affectée par les conséquences actuelles d'une situation donnée, mais aussi par les conséquences ancestrales d'une situation».
Les personnes plus intelligentes s'adaptent mieux au nouveau contexte de la vie moderne par rapport à la façon dont vivaient nos ancêtres. La densité de population a donc moins d'effet sur eux, et ils réussissent plus facilement à se débarrasser du réseau social de chasseurs-cueilleurs, particulièrement lorsqu'ils ont des buts ambitieux dans la vie. Les deux chercheurs pensent qu'il est utile d'incorporer des perspectives évolutionnistes dans le domaine de l'étude du bien-être.