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«Nos clips méritent le festival de Cannes», fanfaronne le duo de rappeurs PNL sur son titre «Laisse». À elle seule, cette phrase, volontairement audacieuse et arrogante, symbolise le vent nouveau qui souffle sur les clips de rap français. Vous l'avez peut-être déjà remarqué mais, depuis plusieurs mois, les rappeurs français sont de plus en plus nombreux à exprimer leur volonté de changer d'environnement pour mettre en images leurs clips et à envoyer balader les codes traditionnels du genre.
Assez rares jusqu'à présent, les paysages grandioses (déserts, forêts, réserves naturelles) et/ou iconiques (favelas brésiliennes, quartiers colombiens réputés comme dangereux) sont devenus des décors récurrents, loin des grands classiques du rap français tournés aux pieds de barres d'immeubles. Chakib (ou Montmartro), réalisateur de plusieurs clips pour le duo de rappeurs DTF, explique l'origine de cette évolution esthétique:
«Les rappeurs en ont marre de se filmer à la cité, car ils y passent la plupart de leur temps. L'idée initiale, ce n'était pas de partir à tout prix. Mais, comme les paysages français sont connus et assez limités, on part à l'étranger. Financièrement, c'est plus accessible qu'avant et on a désormais plus besoin de déplacer toute une équipe de tournage. Avec un cadreur, un drone et une caméra, l'affaire est réglée.»
L'exemple le plus révélateur de ce phénomène pourrait bien être le clip de PNL réalisé pour le morceau «Le monde ou rien» par Kamerameha. Tourné à Scampia, un quartier de la banlieue de Naples à la réputation sulfureuse, c'est lui qui a propulsé l'ascension fulgurante du duo. Depuis, PNL a la bougeotte. Pour certains morceaux de son second album, le duo est reparti tourner ses clips un peu partout dans le monde, de l'Islande à la Namibie...
L'essoufflement du clip «traditionnel»
Même si, comme nous l'a précisé le réalisateur attitré de Booba, Chris Macari, le fait de tourner un clip à l'étranger ou en dehors de la France métropolitaine n'est pas en soi un phénomène nouveau, la multiplication de clips plantés dans des décors atypiques, en particulier chez les nouvelles générations de rappeurs, elle, l'est.
Partir à la recherche d'un endroit original et dépaysant est une voie qu'empruntent même les rappeurs les plus confirmés, Booba en tête. L'orientation vers des destinations alternatives symbolise-t-elle un essoufflement de l'esthétique du clip de rap traditionnel? Probablement. «À Paris, tout a été déjà vu et revu, regrette Charly Clodion, réalisateur de clips pour SCH et Lacrim, Kool Shen ou Youssoupha. Et si l'on ne prend pas de risques, tous les clips finissent par se ressembler.»
Au-delà d'un impératif d'originalité et de singularité, cette volonté de bousculer les codes s'accompagne d'une motivation purement commerciale. Mess, auteur de plusieurs clips pour PNL –dont «La vie est belle», «Tempête» ou «Dans ta rue»–, souligne qu'il est important de répondre aux envies et à l'appétit du public, qui exige «toujours plus de nouveauté». Pour les groupes jeunes et indépendants, un tournage hors de la France métropolitaine est souvent un investissement financier conséquent. Mais, pour Mess, tout le monde y trouve son compte au final:
«Ces clips permettent à ceux qui n'en ont pas les moyens de visiter des pays sans dépenser le moindre centime, ou de les redécouvrir sous un angle de vue différent.»
En revanche, si les destinations exotiques se sont imposées comme une nouvelle ligne directrice à suivre pour nombre de rappeurs français, la mise en scène et les scénarios, eux, varient beaucoup. Alors que certains usent du décor pour évoquer les vacances et la détente (PNL sur la Costa Brava espagnole, Kaaris dans un riad au Maroc, Jul et Alonzo en Thaïlande), d'autres préfèreront jouer sur l'imaginaire violent du lieu qu'ils investissent (Booba dans les favelas de Morro do São Carlos ou à Bogotá).
Un tour du monde en clips
Dans cette sélection (non-exhaustive), nous avons retenu des clips de rap français réalisés il y a moins de deux ans, c'est-à-dire après 2014, et tournés hors de France métropolitaine –à l'exception de Trouville, destination bourgeoise assez originale pour un clip de hip-hop. Si vous pensez à des clips qui n'apparaissent pas dans la liste, n'hésitez pas à nous le signaler en commentaire afin que nous puissions les rajouter.
Pour naviguer entre les destinations, cliquez sur le pays de votre choix et regardez les clips qui y ont été tournés. Pour revenir en haut de la liste, cliquez sur la flèche située à côté du pays.
Bon voyage!
Algérie ↑
Alger
La Fouine – «N.D.M»
Béjaïa
Lacrim – «Brasse au max»
Allemagne ↑
Munich
Sianna – «SiannAllemagne»
Angleterre ↑
Londres
PNL – «Tempête»
Brésil ↑
Rio de Janeiro
Niro – «Who's Bad»
Booba – «Génération Assassin»
Colombie ↑
Booba – «Validée» (feat. Benash)
Côte d'Ivoire ↑
Abidjan
Kaaris – «Zone de transit»
Émirats arabes unis ↑
Dubaï
Niska – «Fly Emirates»
Espagne ↑
Alicante
PNL – «J'suis PNL»
Îles Canaries
MZ – «Mathématiques»
États-Unis ↑
Chicago
Gradur – «Terrasser»
Los Angeles
Booba – «92i Veyron»
Niska – «J'suis dans l'truc»
Miami
Booba – «Mon pays»
MMZ (Moha) – «Genenis» (ft. Coolax)
France ↑
Guadeloupe
Booba – «Mové Lang»
La Réunion
Booba – «Billets violets»
Trouville
Christine and the Queens – «Here» (ft. Booba)
Islande ↑
Sólheimasandur
PNL – «Oh Lala»
Italie ↑
Cefalù et ses environs
Djadja & Dinaz – «J'fais mes affaires»
Naples
PNL – «Le monde ou rien»
SCH – «Gomorra»
Venise
Bash – «Ne reviens pas»
DTF – «Qui se rappelle?»
Mali ↑
Bamako
Gradur – «Priez pour moi»
Maroc ↑
Agadir
DTF - «Comme tu veux»
Casablanca
Niro – «Naïf»
Meknès
Kaaris – «Le bruit de mon âme»
Ouzoud et le barrage de Bin el Ouidane
Walid – «La vie en grand»
Le désert marocain
La Fouine – «Sans ta voix»
Namibie ↑
Le désert du Namib
PNL – «La vie est belle»
Norvège ↑
A2H - «Sur ma vie» (feat S.Pri Noir)
Portugal ↑
Lisbonne
Gradur - «Illégal» (feat Black M)
Thaïlande ↑
Phuket
Seth Gueko – «Seth Gueko Bar»
Jul – «Ça»
Lacrim – «Sablier»
Pattaya
Alonzo – «On met les voiles»
Sénégal ↑
Dakar
Niska – «Ochoa»