Culture

Nous finissons très rarement les livres que nous commençons

Temps de lecture : 2 min

Temps de lecture, assiduité et implication... Les éditeurs veulent en savoir plus sur nos habitudes de lecture.

 Seuls 5% des livres suivis par Jellybooks ont été finis par plus de 75% des lecteurs | ActuaLitté via Flickr CC License by Creative Commons 2.0

Les femmes ont tendance à arrêter un roman après cinquante à cent pages et les hommes après trente à cinquante pages. Ces données, ce sont celles obtenues par Jellybooks. Cette «compagnie d’analyse des lecteurs», comme la définit le New York Times, vous permet de lire des livres numériques gratuitement, pour la plupart avant publication, si vous acceptez, en échange, que votre lecture soit observée à la loupe et analysée. Sur la page d’accueil du site, on lit: «Vous êtes gêné que quelqu’un puisse suivre vos données ? Dans ce cas, vous êtes prié de ne pas participer à ces tests de lecture. Procurez-vous le livre dans une librairie.»

Jusqu’à présent, pour les livres numériques, les distributeurs comme Apple ou Amazon pouvaient «récolter des puits de données sur le comportement des lecteurs», mais les maisons d’édition, elles, tout comme les auteurs, ne disposaient d’aucune information sur les habitudes de lecture.

Cibler le lectorat

Les résultats de cette collecte de données faite par Jellybooks sur les lecteurs qui utilisent la plateforme, permettent d’en savoir plus sur le mode et le temps de lecture:

  • Seuls 5% des livres sont finis par plus de 75% des lecteurs;
  • 60% des livres ont été finis par 25 à 50% des lecteurs;
  • Le prologue et l’épilogue sont peu lus;
  • Un roman populaire sera fini par 62% des lecteurs;
  • Pour un roman moins populaire, les lecteurs abandonnent rapidement la lecture dans les cent premières pages;
  • 90% des lecteurs abandonnent un roman dont les ventes baissent après les premiers chapitres.

Jellybooks travaille désormais pour sept maisons d’édition, dont six en Europe. «La plupart des maisons d’édition ne veulent pas être identifiées, pour éviter de faire peur aux auteurs», explique le New York Times. Les éditeurs qui travaillent avec Jellybooks ne vont pas (pour l’instant) utiliser les données pour modifier le contenu des livres: elles doivent principalement aider les éditeurs à mieux cibler leur audience et à développer une stratégie marketing. Par exemple, une maison d’édition allemande à décidé d’augmenter sa publicité pour un roman policier après avoir vu que 70% des lecteurs le finissaient.

Mis à part le fait que ces statistiques sont contraignantes pour l’auteur et risquent d’influer sur son écriture –surtout si celui-ci prépare une série de plusieurs tomes, par exemple–, elles ont leur limite. En effet, le comportement d’un lecteur qui reçoit un livre numérique gratuitement et qui peut entamer autant de livres qu’il le veut, sans payer, est certainement différent de celui d’une personne qui se rend en librairie et qui paye pour lire. Sans compter que le choix de livres sur Jellybooks est restreint.

Reste qu’il pourrait être intéressant de comprendre pourquoi les lecteurs entament un ouvrage et ne finissent pas leur lecture. Car, même lorsque l’on paye pour un livre, on n’est pas pour autant sûr de le finir. Nous vous en parlions en 2014: le site américain de catalogage social de livres GoodRead (détenu par Amazon) avait établi une liste des «livres les plus lus mais pas terminés», mise à jour au fur et à mesure. Dans les quinze premiers des 1.849 livres, figurent Le Seigneur des Anneaux, Moby Dick, Don Quichotte, Les Misérables et Orgueil et Préjugés.

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