Grâce aux mathématiques, la charge de travail de la DGSI pourrait vraiment diminuer. Selon une étude –repérée par le Washington Post– réalisée par des mathématiciens de l’University College de Londres et un expert en sécurité et criminalité, les attaques terroristes suivent une logique: les attentats pourraient être ainsi prédits.
Comme le souligne The Washington Post, prédire le comportement d’un individu est très difficile. Mais une fois que l’on regroupe ses actes et que l’on observe l’ensemble, on s’aperçoit alors qu’ils suivent un certain schéma.
Le processus de Hawkes
Pour observer les attaques terroristes, les mathématiciens Hannah Fry et Stephen Tech ont utilisé un processus développé par Alan Hawkes dans les années 1970 afin d'étudier les tremblements de terre.
«Selon le processus de Hawkes, certains événements ne se produisent pas indépendamment les uns des autres, explique The Washington Post. Quand un événement se produit, il y a plus de chances d’observer d’autres événements du même type se produire peu de temps après le premier.»
En revanche, plus le temps passe, plus la probabilité qu’un autre événement se produise s’affaiblit.
Depuis le développement de ce processus, des équations similaires ont été utilisées pour étudier toutes sortes d’événements, des épidémies aux violences liées aux gangs. Plus récemment, le processus de Hawkes a été utilisé pour prédire des cambriolages.
Hannah Fry, l’une des chercheuses de l’étude sur le terrorisme, explique le phénomène dans une vidéo mise en ligne par la chaîne YouTube Numberphile: être cambriolé accroît les chances du voisinage de connaître la même infortune. Les cambrioleurs connaissent le quartier, il y a donc plus de chances que les voisins soient aussi cambriolés dans un futur proche.
Le processus de Hawkes est tellement précis que les autorités américaines et certaines entreprises de sécurité ont commencé à l’utiliser, selon le Washington Post.
Prédire des attentats grâce aux probabilités
L’étude de l’University College de Londres applique le processus de Hawkes aux attaques terroristes survenues en Irlande du nord, où plus de 5.000 attentats à la bombe ont été recensés entre 1970 et 1998. À l’époque des groupes paramilitaires catholiques se battaient pour s’affranchir du Royaume-Uni et rejoindre l’Irlande.
Les chercheurs ont ainsi analysé les lieux et les dates des attentats revendiqués par l’Armée républicaine irlandaise (IRA), la façon par laquelle les autorités britanniques ont répondu aux attaques et l’efficacité de ces réponses.
Selon leurs résultats, les attentats à la bombe suivent une certaine logique: après une explosion, d’autres la suivent de très près, jusqu’à ce que le phénomène décline.
En fait, l’analyse des chercheurs met en évidence différents cycles dans le conflit entre les terroristes irlandais et les autorités. La fréquence des attentats à la bombe ralentissait quand l’IRA était infiltrée par les services secrets britanniques et que davantage de terroristes ont été emprisonnés. À l'inverse, la fréquence des attentats à la bombe augmentait quand l’organisation lançait une nouvelle campagne de violence ou essayait de faire de leurs attaques des moyens de pression dans leurs négociations.
L’escalade de violence
Pour le Washington Post, «l’un des enseignements les plus intéressants de l’étude se concentre sur les conséquences des opérations antiterroristes. L’étude prouve que la mort de civils catholiques –que l’IRA proclamait défendre– provoquait une recrudescence des attentats revendiqués par l’organisation terroriste.»
Une autre étude sur les opérations antiterroristes menées par les Etats-Unis et ses alliés en Irak, publiée en 2011, montrait déjà que les attaques américaines qui visaient indistinctement les civils et les insurgés entraînaient une violente réaction de la part des terroristes. En revanche, les attaques ciblées réduisaient la fréquence et la violence des attaques terroristes.
Même si l’étude de l’University College de Londres s’intéresse à des événements passés, Stephen Tech est convaincu que la même technique pourrait être utilisée pour prédire des attentats.
«Après un attentat, notamment quand des civils ont été tués, la probabilité des répliques augmente pendant un laps de temps spécifique, et les autorités ont besoin d’intervenir rapidement pour éviter une longue période violence, explique le Washington Post. Ils doivent aussi s’assurer que les opérations antiterroistes sont ciblées contre les insurgés, pour éviter de provoqier une vague destructive de violence.»