Sciences

VIDÉO. Pourquoi le robot Atlas suscite autant de compassion et de peur

Temps de lecture : 3 min

Devant les prouesses accrues des robots, les internautes sont partagés entre l'empathie et la peur.

«Souffre-douleur», «maltraité», «torturé»... Les personnifications du robot Atlas sont nombreuses et les allusions au soulèvement des machines foisonnent après la diffusion de la vidéo ci-dessus illustrant les dernières prouesses technologiques et mésaventures du rejeton de Boston Dynamics.

On peut y voir le robot de l’entreprise d’Alphabet (ex-Google) partir pour une balade en forêt, transporter des cartons de 4,5 kilogrammes, tenter d’attraper des objets au sol qu’un humain est en train de déplacer... et se faire projeter à terre par une crosse de hockey. C’est précisément cette scène qui offusque internet. Et fait aussi craindre une (prochaine) rébellion robotique.

«Une insurrection des robots ne devrait pas nous surprendre vu comment Boton Dynamics malmènent ses pauvres créatures.»

«La révolte des robots trouvera probablement son origine dans ce vilain type avec une crosse de hockey.»

Défense de la machine

Cet ingénieur qui pousse fermement le robot s’est attiré les foudres des internautes, qui ont promptement pris la défense de la machine. Et ont aussi fait part de leur peur d’une revanche des robots face à ces traitements. «Cela déclenche assurément une réponse digne de la théorie de la vallée dérangeante», confie Ken Goldberg, professeur en robotique à l’université de Berkeley, à Wired:

«Je veux dire, la plupart d’entre nous ont sans doute eu la même réaction devant ce robot qui se fait pousser: on s’attendait à ce qu’il se retourne et abatte le gars avec un rayon laser.»

La théorie de la vallée dérangeante, développée en 1970 par un professeur en robotique nommé Masahiro Mori, illustre les sentiments parfois contradictoires (peine pour Atlas et en même temps crainte qu’il ne se venge, comme les tweets ci-dessus le prouvent bien) et le malaise que l’on peut ressentir face à un robot. Selon cette hypothèse, plus un robot a une apparence humaine, plus il va susciter de l’empathie chez l’être humain, mais pas indéfiniment. Car, à un moment donné, l’observateur va finir par trouver l’humanoïde soudainement repoussant, étant submergé par son effroi devant ses capacités techniques. Le schéma ci-dessous résume cette théorie.

uncanny valley.png

En abscisses, la ressemblance des machines à un être humain et en ordonnées l’intimité que l’on peut ressentir face à ces machines

Forces démoniaques

Bien que critiquée, cette théorie présente une ambivalence intéressante, qu’illustrent parfaitement les robots de Boston Dynamics. Lors de la diffusion en octobre 2013 d’une vidéo mettant en scène WildCat, un robot pouvant courir à 26 kilomètres par heure, les réactions étaient plus mitigées, balançant entre effroi et curiosité. De même pour Spot, le chien mécanique qui se redresse quand il se prend un coup de pied, et où l’observateur oscille entre admiration pour les prouesses techniques et compassion pour ce robot qui ressemble au meilleur ami de l’homme.

La peur des robots a largement été illustrée dans la culture populaire. Malgré, et peut-être à cause des prouesses technologiques, l’humain a peur de ces objets mécaniques dont il est pourtant le créateur. Le site Inverse propose une comparaison avec la peur du diable et des forces démoniaques qui obsédaient auparavant les populations, mais rappelle aussi le «complexe de Frankenstein» développé par l’auteur de science-fiction et scientifique Isaac Asimov, soit la peur que notre création se retourne contre nous. Le site Motherboard pousse même jusqu’à comparer cette peur avec celle d’un capitalisme exacerbé.

Malgré quelques incidents mineurs dans les foyers,ou de graves accidents dans des chaînes de production industrielle, aucun signe d’un soulèvement des machines n’est à déplorer à ce jour. Elles n’ont pour le moment pas développé une intelligence accrue et soudaine, dépassant les capacités que la technologie et l’humain leur permettent.

Si menace il y a, elle se situe plutôt du côté des humains qui produisent les robots. La vraie question, c’est dans quelles circonstances, pour quelle utilisation et pour qui sont produites ces machines?

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