À chaque élection présidentielle américaine, des Américains de gauche déclarent que, si le candidat républicain est élu, ils décampent au Canada. Déjà en 2012, ils étaient nombreux à dire qu’une présidence Mitt Romney les feraient fuir chez leurs voisins du nord. Or, cette année, avec la popularité inattendue du populiste de droite Donald Trump, l’inquiétude est nettement plus forte.
Une étude datant de septembre 2015 et portant sur 200.000 tweets d’Américains menaçant de partir si Trump est élu a révélé que le Mexique était leur destination préférée (75.000 mentions), avec le Canada en deuxième position (25.000 mentions).
Afin d’attirer les anti-Trump dans la province canadienne de Nouvelle-Écosse, un résident de l’île du Cap-Breton, qui est en voie de dépeuplement, a créé un site internet –intitulé cbiftrumpwins.com (Cap-Breton si Trump gagne)– pour encourager les Américains à venir, rapporte la chaîne canadienne CBC.
Poisson délicieux et paysages superbes
Les paysages sont superbes, il ne fait pas si froid que ça, il y a un festival de musique celte, un tournoi de hockey sur glace et le poisson est délicieux, explique Rob Calabrese, le créateur du site, qui est DJ pour une radio locale.
«N’attendez pas que Donald Trump soit élu pour trouver un autre endroit où vivre! Commencez dès maintenant, comme ça, le jour de l’élection, vous n’aurez plus qu’à prendre un bus pour débuter votre nouvelle vie à Cap-Breton, où les femmes peuvent se faire avorter, les musulmans peuvent se promener librement et les seuls murs de l’île sont ceux qui soutiennent les toits de nos maisons aux prix très raisonnables», explique Calabrese, en référence au mur frontalier que souhaite ériger Trump.
À Cap-Breton, les musulmans peuvent se promener librement et les seuls murs sont ceux qui soutiennent les toits de nos maisons
Rob Calabrese, créateur du site cbiftrumpwins.com
Il a créé le site lundi 15 février juste pour rigoler mais, rapidement, il a reçu des demandes d’information sérieuses, dont une venant d’un professeur de la prestigieuse université de Cornell.
«Ils me posent des vraies questions sur le processus d’immigration, la situation économique. Certains ont pris ça au sérieux, ce que je n’avais pas prévu. Mais c’est super, je vais les aider du mieux que je peux.»
Malgré leur enthousiasme pro-Canada, les Américains passent rarement à l’acte pour des raisons purement politiques. Comme le rappelle un article de 2012 du New York Times, le nombre d’Américains partis vivre au Canada a doublé pendant la présidence de George W. Bush, mais, selon les experts, cette augmentation n’avait presque rien à voir avec les élections.
«Peu de gens décident ainsi de partir et de se déraciner, expliquait Janice Gross Stein, de l’University of Toronto. La seule grande exception était le désir d’échapper à la conscription pendant la guerrre du Vietnam.» Une présidence de Donald Trump pourrait peut être en constituer une deuxième...