Et si on se levait à 21 heures, déjeunait à minuit et dînait à 7 heures? Si l’idée de Steve Hanke et Dick Henry était mise en place, vous pourriez être amenés à complètement repenser votre rapport au temps sans que votre journée en soit modifiée pour autant.
Les deux professeurs en économie, physique et astronomie à la Johns Hopkins University, à Baltimore, proposent un concept pour le moins radical: abolir les fuseaux horaires. Prenant pour référence le temps universel, lorsqu’il serait 13 heures à Londres, il serait aussi 13 heures à Pékin, à Sydney ou à Los Angeles. Dans une interview au Washington Post, les deux professeurs affirment que les communications, les voyages et le commerce international seraient beaucoup plus simples de cette manière:
«L’heure solaire locale fonctionnait bien, quand toutes les activités étaient locales! s’indignent Hanke et Henry. Aujourd’hui, la plupart des activités sont mondiales, et il est temps d’établir une heure universelle.»
Les deux révolutionnaires des fuseaux rappellent «les raisons politiques et parfois économiques» pour lesquelles les pays sont amenés à changer d’heure. Le quotidien irlandais Irish Examiner liste les changements de fuseaux majeurs des XXe et XXIe siècles: en 1949, le parti communiste chinois a par exemple aboli les différents fuseaux horaires pour ne conserver que l’heure de Pékin; l’Espagne franquiste est passée à l’heure allemande dans les années 1940 et a gardé le réglage depuis; plus récemment, en 2014, la Crimée est passée au fuseau horaire de Moscou après être rentrée dans le giron russe et la péninsule a maintenant deux heures de décalage avec l’Ukraine en hiver.
Cafouillage
«Vous devriez garder un œil sur l’Indonésie, [...] qui a proposé de supprimer deux de ses trois fuseaux horaires pour des raisons économiques. Cela les placerait dans le même fuseau que Singapour», souligne le duo. Une position qu’ont déjà adoptée les îles Samoa fin 2011, pour avoir la même date que la Nouvelle-Zélande et l’Australie, leurs principaux partenaires commerciaux.
L’argument de Hanke et Henry est donc la simplification: il n’y aurait plus de cafouillage pour les horaires de vols, les conférences internationales, ni d’heure d’été ou d’hiver. La simplicité de la suppression des fuseaux horaires est pourtant relative, relève Discovery News. Ça faciliterait peut-être les transactions d’une part mais, d’une autre, ça inverserait simplement le problème: au lieu de se demander à combien d’heures de décalage avec le Japon nous sommes, nous nous demanderions à quel moment de la journée il est 9 heures là-bas: le matin? le soir? la nuit? Cela demanderait à des milliards de personnes de revoir leur rapport au temps, ce qui n’est pas d’une simplicité enfantine.