Sciences / Culture

Et si le bilinguisme ne servait à rien?

Temps de lecture : 2 min

Des chercheurs affirment que le polyglottisme n’a aucun impact sur la vivacité du cerveau. Tandis que d’autres soutiennent exactement l’inverse.

Une affiche pour protester contre la suppression des classes bilangues à Toulouse, le  le 11 juin 2015 | Pascal Pavani/AFP
Une affiche pour protester contre la suppression des classes bilangues à Toulouse, le le 11 juin 2015 | Pascal Pavani/AFP

«Un château de cartes». C’est comme ça que certains psychologues définissent la théorie des (soi-disant) bénéfices du bilinguisme, parce que ses fondations sont fragiles. Et ils sont de plus en plus nombreux, estime The Atlantic. L’un des plus convaincus est Kenneth Paap, professeur en psychologie et sciences cognitives à l’université d’État de San Francisco. Pour lui, aucun doute: «Il n’y a aucune preuve cohérente de l’avantage d’être bilingue pour les fonctions exécutives du cerveau.» Il s’agit d’ailleurs du titre de l’une de ses publications, parue en 2013.

L’ensemble des résultats qu’il a obtenus a été publié dans la revue scientifique Cognitive Psychology. Paap a comparé les aptitudes de 280 étudiants –certains bilingues, d’autres non– en leur faisant passer des tests mentaux. Il écrit que le «bilinguisme n’a aucune influence sur les fonctions exécutives du cerveau[1], et que, s’il en a, elles sont infimes et dans des domaines spécifiques qui n’ont pas encore été définis».

Ses théories cognitives sont très controversées. Certains spécialistes vont même jusqu’à dénoncer les propos de Kenneth Paap dans une réponse à son étude. Thomas Bak, professeur de neurologie cognitive à l’Université d’Édimbourg, est l’un d’eux. Il explique à The Atlantic que «la plupart de ceux qui travaillent dans le secteur ont jugé qu’il était inapproprié de répondre à son étude: elle était tellement mal faite»!

Polyglotte

Reste que Kenneth Paap n’est pas le seul à être convaincu que le bilinguisme n’a aucune influence. Jon Andoni Duñabeitia, chercheur en neurosciences cognitives, a comparé, à deux reprises, l’activité mentale d’enfants bilingues (en espagnol et basque) à celle d’enfants ne parlant que le castillan. Aucune d’elles n’a été concluante. «Je suis un chercheur polyglotte qui travaille dans une société polyglotte. J’aimerais bien trouver un avantage au bilinguisme, mais la science est ce qu’elle est!» explique-t-il à The Atlantic. Nous avons répété l’expérience plusieurs fois avec d’autres adultes, enfants, et jeunes adultes: nous ne trouvons aucune différence.»

De l’autre côté, une étude parue en septembre 2014 insiste sur les bénéfices du bilinguisme. Selon les chercheurs de l’Université nationale de Singapour et de l’Institut de sciences cliniques de Singapour, les avantages commencent très tôt. Dès 6 mois, les bébés qui grandissent dans un environnement polyglotte manifestent des signes liés à un plus grand QI. Il faudra du temps pour que ces experts en sciences cognitive se mettent d’accord. Mais, avantages cérébraux ou non, parler plusieurs langues est toujours apprécié!

1 — La coach, formatrice et consultante Valérie Duband définit sur son site ces fonctions exécutives comme les «capacités nécessaires à une personne pour s’adapter à des situations nouvelles, c’est-à-dire non routinières, pour lesquelles il n’y a pas de solution toute faite». Retourner à l'article

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