Au Royaume-Uni, en 2015, on a pas mal débattu de l’idée de taxer la junk food. Le chef Jamie Oliver a notamment mené campagne pour une taxe sur le sucre… Et le Premier ministre David Cameron a dit en janvier 2016 qu’il n’excluait pas la mise en place d’une telle mesure. Comme le rapporte Reuters, trois grands pays asiatiques sont aussi en train d’étudier des impôts similaires.
En Inde, un groupe nommé par le gouvernement a proposé une taxe de plus de 40% sur les boissons sucrées, dans le cadre d’une refonte fiscale plus large. La branche indienne de Coca-Cola, qui emploie 25.000 personnes, a déjà déclaré que cette taxe conduirait à une baisse des ventes et que, dans ces circonstances, il faudrait fermer des usines… En Indonésie, le quatrième pays le plus peuplé du monde, le ministère de la Santé, poussé par celui des Finances, étudie aussi la question.
Aux Philippines, un comité de parlementaires se penche sur le sujet, et envisage une taxe de 0,22 dollar (19 centimes d’euros) par litre de boisson gazeuse. Selon Reuters, la mesure, qui a encore «un long chemin à parcourir», pourrait «certainement bouleverser un marché à fort potentiel». Ces pays sont des grands marchés, très intéressants pour l’industrie du soda. Par exemple, en Inde, la consommation de boissons gazeuses a augmenté de 9% en 2015.
«Goutte d’eau dans un océan calorique»
En outre, la Barbade et la Dominique ont institué des taxes sur les produits sucrés en 2015, des mesures qui seront sans doute bientôt évaluées. Depuis janvier 2016, la Belgique taxe les sodas, et Coca-Cola a déjà largement critiqué la mesure.
Ces dernières années, plusieurs pays ont déjà adopté ce genre de mesure sur une ou plusieurs catégories de produits sucrés, avec plus ou moins de succès, comme la France, la Hongrie, ou encore le Mexique dernièrement. Au Mexique, la taxe, mise en place en janvier 2014, a très bien fonctionné, d’après une étude de l’Institut national de la santé publique mexicain: pendant la première année, la consommation de sodas a diminué de 6%, et ce déclin a atteint 12% en décembre 2015.
Mais l’impact sur la santé publique fait toujours débat. Tom Sanders, professeur de nutrition et de diététique au King’s College de Londres, pense que ce déclin mexicain n’est pas assez significatif, mais plutôt «une goutte d’eau dans un océan calorique». D’autre part, Reuters rapporte qu’une étude commandée en 2014 par l’Union européenne montrait que les taxes sur les produits sucrés poussaient surtout les consommateurs à se tourner vers des marques moins chères et qu’on manquait encore de données empiriques pour conclure à un quelconque bénéfice pour la santé.