Lors de son arrivée au tribunal correctionnel de Paris, lundi 8 février, Jérôme Cahuzac s'est retrouvé face à de nombreux journalistes. Pour se faufiler jusqu'à la chambre où se déroule son procès pour fraude fiscale et blanchiment jusqu'au 18 février, l'ancien ministre du Budget n'a pas hésité à se faire de la place en repoussant, quelque peu violemment, l'un des journalistes au visage.
En avoir gros sur la patate #Cahuzac (via @rdecourson #AFPTV) pic.twitter.com/lQx4b5sA2w
— Thomas Vampouille (@tomvampouille) 8 Février 2016
L'homme bousculé par Jérôme Cahuzac s'appelle Olivier Lejeune. Il est photographe pour le journal Le Parisien. Alors que la vidéo circule très largement sur les sites d'info comme sur les réseaux sociaux, il a tenu à raconter sa version des faits au magazine Polka:
«Cahuzac est arrivé seul, en costard. Nous étions pas mal de journalistes à l’attendre. C’est vrai qu’on était très près. C’était sans doute oppressant et il devait être stressé. Il avançait vite, il a voulu m’écarter, moi je reculais plus lentement à cause de la hauteur des marches du Palais de justice (...). J’ai pris sa main dans le visage, mais ça n’a pas été une épreuve. Je n’ai rien senti et je n’y ai pas fait très attention sur le moment. Je tiens à le dire: il ne me donne pas de baffe, comme tout le monde a déjà l’air de le penser. Je ne veux pas entrer dans ce jeu-là. Pas de scandale. Cahuzac voulait avancer. Je comprends. Un point c’est tout.»
La «meute»
Dans le jargon journalistique, on parle de «meute» pour décrire ce genre d'événements, c'est-à-dire une nuée de journalistes, cadreurs et photographes concentrés autour d'une personnalité avec le même objectif: l'interviewer, la filmer ou l'enregistrer. Dans un billet sur le blog Making-of de l'Agence-France Presse, le journaliste Roland de Courson évoque ces «mêlées journalistiques» et explique comment, ces dernières années, elles sont devenues de moins en moins supportables pour les journalistes comme pour les interviewés:
«D’avis général, la situation a empiré ces dernières années. L’apparition de nouvelles chaînes d’information en continu, la prolifération des blogs et des micro-sites d’information a multiplié le nombre de participants aux mêlées sur les gros événements. Les nouveaux arrivants dans la meute n’en connaissent pas forcément les conventions tacites, comme ne pas se placer devant un collègue arrivé avant vous, ou s’accroupir quand on est journaliste texte pour que les vidéastes et photographes puissent avoir le champ libre au-dessus de votre tête. D’où un accroissement des tensions et des mouvements de foule imprévisibles. La présence de caméras ou d’appareils photo aggrave le risque.»