Contre toute attente, plus que le récent scandale des escorts girls, plus que les manifestations nationales et internationales qui l'accusent de ne pas respecter la liberté de presse, plus que les tremblements de terre et les innodations qui ont frappé sa terre dans les derniers mois, c'est la justice finalement qui pourrait avoir raison de Silvio Berlusconi.
La Cour Constitutionnelle a invalidé hier la loi Alfano, mesure légale crée ad persona par Silvio Berlusconi en 2008 pour protéger de tout procès les quatre plus hauts postes de l'Etat, car jugée anticonstitutionnelle. L'abandon de cette loi rouvre de fait les deux procès pénaux qui planent sur la tête président du conseil: un pour corruption dans les actes judiciaires de l'avocat David Mills et l'autre pour délit de société dans le rachat du groupe télévisé Mediaset.
Le chef du gouvernement a réagi très durement en accusant les juges d'être partiels et «rouges» et d'avoir surtout appliqué une sentence politique. Au journal télévisé de RaiUno, il a accusé les partis de gauche, et la presse qui est pour «72% de gauche, la Repubblica en tête», mais aussi la télévision publique qui a le «monopole sur toutes les émissions d'analyse politique».
Dans son éditorial de jeudi, Ezio Mauro, directeur de La Repubblica, qui s'est chargé depuis quelques mois de porter la voix de l'opposition, voit en cette décision «la force de la démocratie» et souligne que Silvio Berlusconi a réagi à cette décision comme s'il «avait été délivré directement dans les mains de la Police».
Silvio Berlusconi a également accusé le Président de la République, Giorgio Napolitano, qui avait à l'époque approuvé cette loi par sa signature et qui aujourd'hui est sous le feu des critiques de la droite pour ne pas avoir «appelé les juges qui en auraient décidé autrement».
Avvenire, quotidien des évêques italiens, écrit: «C'est une journée difficile pour l'histoire de la République».
Pour La Stampa, qui juge «honteuse» l'attaque contre Giorgio Napolitano, le Cavaliere ne doit pas craindre la suite des évènements: le referendum prévu par l'article 138, qui soumettra la loi Constitutionnelle au vouloir du peuple, pourrait être un plébiscite pour Berlusconi, encore largement apprécié par le peuple italien. Le quotidien de Turin rappelle que Silvio Berlusconi a déjà gouverné avec 11 procès judiciaires sur le dos.
Les réactions des partis se sont faites immédiatement entendre: Di Pietro, avocat connu à l'époque de l'enquête Mani Pulite et fondateur du parti Italia dei Valori (Italie des valeurs), a demandé la démission du président du Conseil. Dario Franceschini, secrétaire du Parti Démocratique a déclaré à RaiNews24 que «la Cour a rétabli le principe d'égalité. Tout le monde est égal devant la loi, même le pouvoir»
Umberto Bossi, leader de la Ligue du Nord, précieux allié du gouvernement, qui avait déjà menacé de soulever le peuple dans le cas d'une annulation de la loi, a rajouté «si la majorité bloque maintenant les réformes - comme celle du fédéralisme - nous sommes prêts à la guerre», rapporte le quotidien apartenant à la famille Berlusconi, Il Giornale.
Le journaliste Massimo Franco, dans le Corriere della Sera, met en évidence «le paradoxe entre un leader consacré par le vote populaire et cette sentence qui lui ouvre les portes des tribunaux. Cela va déterminer le futur politique de l'Italie».
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Image de Une: Silvio Berlusconi Wikimedia