France

Sarkozy instrumentalise les syndicats et les élus d'Outre-mer

Temps de lecture : 2 min

Notre rendez-vous hebdomaire avec Jérôme Jaffré, directeur du CECOP (Centre d'études et de connaissances sur l'opinion publique).

Jean-Paul Virapoulle, sénateur de la Réunion, Daniel Marsin et Jeanny Marc, sénateur et député de la Guadeloupe Reuters/Duvignau
Jean-Paul Virapoulle, sénateur de la Réunion, Daniel Marsin et Jeanny Marc, sénateur et député de la Guadeloupe Reuters/Duvignau

Quelle est votre interprétation de la polémique sur la nomination de François Pérol à la tête de l'ensemble bancaire Caisses d'épargne - Banque populaires ?

Il y a un grand décalage sous la Ve République entre l'impopularité et la puissance du Président. Même impopulaire, le Président garde tout son pouvoir tant qu'il conserve une majorité à l'Assemblée et qu'il n'y a pas de mouvement dans le pays à la limite de la révolte. On peut donc de ce point de vue interpréter l'affaire Pérol comme une manifestation de la puissance intacte du Président. Il veut de la sorte montrer que ce n'est pas parce qu'il devient impopulaire que ses pouvoirs s'en trouvent limités.

Le danger pour lui tient dans son face à face avec l'opinion qui pourrait déboucher sur une révolte, faute de capacité à dévier le mécontentement. Mais en fait, contrairement à ce qu'on croit, Nicolas Sarkozy ne passe pas par dessus les corps intermédiaires. Il s'en sert et les instrumentalise. Il les contraint à cogérer les crises avec lui et à apaiser les tensions.

Comment instrumentalise-t-il les corps intermédiaires?

On vient de le voir à la fois avec la question sociale et la question de l'Outre-mer. Il a instrumentalisé les syndicats en les convoquant à l'Elysée et en les amenant à gérer avec lui, dans un véritable jeu de rôles, la crise sociale. En échange du renforcement de leur rôle et de leur légitimité, il les contraint à faire baisser les tensions. Le fait que la manifestation nationale soit programmée pour le 19 mars — soit un mois un après le sommet ! — en est une bonne démonstration. Cela permet de contrôler le mouvement. Il n'est d'ailleurs pas dans l'intérêt des syndicats qu'il leur échappe.

Le Medef est aussi instrumentalisé. Le Président critique l'égoïsme des patrons, mais en contrepartie il n'augmente pas les bas salaires et les charges sociales.

Sur l'Outre-mer cette fois, ce sont les élus qui ont été instrumentalisés. La menace de la révision des statuts des territoires, l'idée agitée de l'indépendance ne peuvent que les effrayer et donc les inciter à calmer le mouvement.

Le Président joue des contradictions des corps intermédiaires pour sortir des crises qu'il a souvent lui-même contribué à se propager.

Propos recueillis par Eric Leser

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