C’est un homme de 73 ans dont on ignore le nom, mais dont on sait qu’il a déjà connu une dépendance à l’alcool, des traumatismes crâniens après des matches de hockey et surtout des troubles bipolaires. Mais si Ryan Darby et David Caplan, deux neurologues d’Harvard, se sont particulièrement intéressés à sa condition, c’est parce qu’il a commencé à développer un trouble très particulier il y a quelques années.
Dans une étude publiée dans le journal Neurocase et relayée par Discover magagazine, ils expliquent qu’il a commencé à développer une certaine paranoïa et à prendre son propre chat pour un imposteur:
«Six ans avant la présentation, il a développé une paranoïa aigüe alors qu’il arrêtait ses médicaments psychiatriques. Il a donné à sa femme des notes où il affirme que leur maison était surveillée, et il confondait des personnes dans les parkings avec des agents du FBI.
Puis il est devenu obsédé par l’idée que son chat a été remplacé par un chat imposteur qui était impliqué dans une conspiration contre lui. Il savait que le chat actuel ressemblait physiquement à son chat, mais que la personnalité ou le cœur psychique de son chat a été remplacé. Ses symptômes se sont atténués et il n’avait plus d’illusions sur le fait qu’un imposteur avait remplacé son chat.»
De rares cas avec des animaux
En procédant à des analyses sur cet homme, les deux chercheurs ont pu constater qu’il souffrait de déclin cognitif et mémoriel, ainsi que d’une atrophie du cortex cérébral, certainement due à sa pratique du hockey sur glace. Mais le trouble dont souffre ce septuagénaire, aussi étrange soit-il, porte un nom très précis. Comme nous vous l’expliquions il y a quelques mois, il s’agit du syndrome de Capgras, un «délire d’illusion des sosies», analysé pour la première fois en 1923 et qui concerne des personnes qui confondent un proche ou eux-mêmes avec un autre. Il s’agit d’une incapacité de notre cerveau à comprendre qu’une personne, un animal, ou un objet, a une identité qui lui est propre et qui persiste au cours du temps.
Il est intéressant ici de noter que les cas de syndrome de Capgras concernent principalement des confusions d’êtres humains. «Les illusions de Capgras ont rarement été rapportées à propos d’animaux», écrivent les auteurs de l’étude, qui rapportent tout de même quelques cas avec des oiseaux ou un chien. De nouvelles études devront être réalisées si l’on veut comprendre un peu mieux pourquoi nos animaux de compagnie peuvent aussi être le fruit d’une telle confusion d’identité.