Une personne peut être accusée par une assemblée unanime, elle ne sera pas coupable pour autant. Au contraire. C’est en tout cas ce que prouve une étude relayée par le site newser.com. Cet article scientifique publié dans le journal scientifique Proceedings of the Royal Society A affirme que, même si plusieurs personnes sont d’accord sur un fait, il n’est pas garanti que ce qu’elles disent soit la vérité. Des chercheurs l’ont prouvé à l’aide de probabilités mathématiques et se sont notamment focalisés sur l’identification d’un suspect par des témoins.
Dans le cas cité par les chercheurs, treize témoins confirment tous l’identité d’un même suspect. D’après l’étude, il est donc peu probable que cette assemblée dise vrai. Car, selon le chercheur Derek Abbot, un des co-auteurs de l’article scientifique, et les lois de probabilité, «obtenir un grand groupe de témoins unanimes dans ces circonstances est peu probable». Un tel résultat est vraiment trop beau pour être vrai.
Trop beau pour être vrai
Dans ce cas de figure, les chercheurs déterminent que, au-delà de trois réponses identiques, la probabilité que le suspect accusé soit le bon diminue. Les chercheurs sont parvenus à chiffrer la probabilité du taux d’erreur à 48% dans les identifications de suspect: démêler le vrai du faux reviendrait alors presque à tirer à «pile ou face»!
Cette étude australienne confirme une vieille loi juive qu’elle a choisi d’utiliser comme point de départ, les chercheurs étant admiratifs du niveau de sophistication des juifs dans leur pratique juridique. Cette loi, qui dit «qu’un suspect ne peut pas être reconnu coupable si les juges ont unanimement rendu un verdict de culpabilité», n’écarte donc pas une erreur du système ou de possibles accords entre les acteurs. En effet, les juifs pensaient que la présence ne serait-ce que d’un seul avis dissident permettait d’empêcher tout jugement arbitraire. Car, lorsque tous les juges n’étaient pas unanimes, des preuves devaient être apportées au jugement de manière à empêcher toute erreur.
Mais l’expérience de l’identification de suspect n’est pas la seule qui montre bien l’idée qu’une assemblée unanime ou majoritaire n’est pas forcément garante de vérité: celle de la découverte archéologique le fait tout autant. Les chercheurs se servent ici de l’exemple, fictif, du «pot romain». Ils font l’hypothèse qu’un pot romain de l’époque antique a été découvert sur le sol bitannique et cherchent à savoir s’il a été apporté par les Romains ou s’il a été construit en ce lieu. Si l’on veut répondre à cette question sans aucune étude scientifique, le pot a autant de chance d’être romain (au vu de sa forme) que britannique, expliquent les chercheurs. C’est pour cela que, si l’on effectue un sondage pour connaître l’origine de cette trouvaille archéologique, la réponse majoritaire ne sera pas forcément la bonne.