Les 600.000 premières doses de vaccin contre la grippe A(H1N1) ont été mises en vente dans 21 Etats américains le mardi 6 octobre. Ce vaccin se présente sous la forme d'un spray nasal nommé «FluMist». A la mi-octobre, 40 millions de doses, à injecter cette fois, seront disponibles à la vente. Question : comment décide-t-on de la forme (spray, injection, cachet, suppositoire) que va prendre un nouveau traitement médicamenteux?
Deux facteurs sont déterminants: le confort et l'efficacité. Les laboratoires pharmaceutiques s'adaptent aux préférences de leurs clients. Les adultes ont un faible pour les cachets: la plupart des médicaments leur étant destinés prennent donc la forme de petites gélules. Les enfants, en revanche, n'aiment pas beaucoup les comprimés: les entreprises produisent donc des versions liquides de leurs médicaments.
Mais il faut savoir que l'on ne peut pas donner n'importe quelle forme à n'importe quel médicament. Il est par exemple préférable d'injecter certains produits anticancéreux par voie intraveineuse plutôt qu'intramusculaire, ces substances pouvant parfois irriter les tissus. D'autre part, les protéines (comme l'hormone de croissance mâle ou l'insuline) ne peuvent être administrées par voie orale: elles seraient décomposées par les acides et les enzymes digestifs présents dans l'estomac. A l'inverse, certains médicaments doivent être pris par voie orale. Exemple: pour les troubles digestifs de type brûlure d'estomac, un cachet vaudra toujours mieux qu'une pommade ou qu'une perfusion.
C'est aussi parfois une question de timing. Si un médecin doit faire passer une dose conséquente de tel ou tel médicament dans le sang d'un patient (en cas d'attaque ou d'arrêt cardiaque, par exemple), il lui fera une injection intraveineuse. Les médicaments contenus dans les injections sous-cutanées (sous la peau) ou intramusculaires (dans le muscle) agissent plus lentement. Les inhalateurs font quant à eux directement passer le produit dans le sang par l'intermédiaire des poumons, tandis que le médicament présent dans une dose de spray nasal est absorbé par les muqueuses du même nom.
En règle général, le corps absorbe les médicaments en phase liquide un peu plus vite que ceux présents dans les cachets; ces derniers peuvent se dissoudre immédiatement ou résister à la digestion (dans le cas des gélules dites à «libération retardée»), et ce jusqu'à 24 heures après leur ingestion. Les médicaments des suppositoires sont absorbés aussi vite que les cachets. Enfin, les patchs diffusent très lentement les substances qu'ils contiennent: on peut ainsi en porter certains toute une semaine.
Les laboratoires pharmaceutiques adaptent souvent le mode d'administration d'un médicament à la partie du corps qui doit être traitée. Il est possible, par exemple, de prendre un traitement pour l'asthme sous forme de gélule, mais un inhalateur sera toujours plus efficace. De la même manière, pour la plupart des problèmes dermatologiques, il est bien plus logique d'agir par voie cutanée (crème, pommade) que de d'administrer un traitement par injection.
Le facteur économique entre également en ligne de compte. Le coût de fabrication d'un cachet est bien inférieur à celui des autres types de médicaments. La production de seringue pré-remplies est bien plus coûteuse, ne serait-ce que parce qu'il faut stériliser à la fois le contenu - un procédé complexe, qui ne peut être effectué que dans un environnement de laboratoire hermétiquement clos -, l'aiguille et la seringue.
Vous voulez vous faire vacciner contre la grippe A(H1N1)? Il vous faudra alors choisir le mode d'administration le plus adapté à votre condition physique. Le vaccin administré par injection est élaboré à partir d'un virus «tué», tandis que les inhalateurs contiennent une version «atténuée», c'est-à-dire un virus «vivant» mais dont l'agressivité a été très largement réduite. Les femmes enceintes feraient donc bien d'opter pour l'injection, la forme inhalée pouvant représenter un risque pour le fœtus.
Christopher Beam
Traduit par Jean-Clément Nau
Image de Une: Une seringue de vaccin Eric Gaillard / Reuters