Revoilà le serpent de mer. Enfin serpent de mer ou réalité, mythe ou tragédie, on ne sait plus trop: une nouvelle étude affirme que la crise de la quarantaine n’existe pas. Les auteurs, de l’Université d’Alberta, au Canada, ont scruté deux groupes de 1.500 personnes au total pendant respectivement vingt-cinq et quatorze ans, rapportent CBC News et Top Santé. Les premiers étaient des élèves de dernière année de lycée suivis de leurs 18 ans à leurs 43 ans et les seconds des professeurs d’université, suivis de leurs 23 ans à leurs 37 ans.
Et, selon les chercheurs, ce qui ressort principalement est une augmentation progressive du bonheur tout au long de la vie à partir de l’adolescence. «La crise de la quarantaine est un mythe [...]. Une crise peut se produire à n’importe quel moment de la vie», explique Nancy Galambos, l’une des chercheuses, dans cette étude publiée dans la revue Developmental Psychology en novembre. Contrairement au cliché reçu de l’étudiant fêtard et insouciant, les plus malheureux seraient les jeunes adultes, qui ont du mal à trouver un emploi et vivent dans une situation d’instabilité.
Une courbe du bonheur en «U»
Bien que les auteurs affirment que leur recherche est plus fiable que toutes les précédentes, une autre étude récente réalisée sur des échantillons plus importants de personnes suivies tout au long de leur vie est arrivée à la conclusion inverse: il y a bien une «crise de la quarantaine», selon des équipes de recherche australienne et britannique, dont les résultats ont été publiés en octobre dans The Economic Journal. La courbe du bonheur des quelque 50.000 adultes d’Australie, d’Allemagne et de Grande-Bretagne auscultés ferait une sorte de U: elle commence à tomber au début de l’âge adulte, atteignant son niveau le plus bas vers 40-42 ans, pour ensuite remonter vers 70 ans.
Des données collectées sur les utilisateurs de Spotify montraient qu’à la quarantaine les utilisateurs ressentaient une forme de nostalgie des chansons de leur adolescence, sentiment atteignant son climax vers 42 ans.
Mais d’autres études vont dans le sens des chercheurs de l’université d’Alberta. Live Science affirmait en 2011 que la crise de la quarantaine a été conçue par la psychologie et l’imaginaire collectif. Un chercheur en psychologie évolutionnaire, Jesse Bering, avait publié la même année un billet allant dans ce sens.
Qu’en penser? À ce stade, peut-être seulement que les Canadiens sont plus heureux à 40 ans que les Australiens, les Allemands et les Britanniques.