Des professeurs de l’université de l’Oregon ont publié un rapport selon lequel les DVD de coaching physique sont mauvais pour celui qui les regarde. À la tête du projet: Brad Cardinal, professeur en kinésiologie à la faculté de santé publique et sciences humaines. Son équipe et lui ont analysé le contenu visuel et le message véhiculé par dix DVD célèbres.
Plusieurs effets ont été constatés. Pour commencer, «les images dans ces vidéos de fitness renforcent et perpétuent une idée irréaliste et hyper-sexualisée du corps», explique le communiqué. Brad Cardinal explique qu’il y a «beaucoup d’affirmations exagérées à travers l’imagerie et le langage du qui consiste à dire fais ceci, et tu seras comme moi».
Un marché néfaste pour l'image de la femme
Combien de fois les slogans de DVD d’exercices ont été entendus dans les salons? Que ce soit le matin tôt, après le travail ou le week-end, les voix des coaches parfaits se font entendre depuis des décennies. Dans les années 1980 déjà, le coaching était très à la mode. Des noms comme Jane Fonda et ses cours d’aérobic font alors le tour du monde.
Jane Fonda vend des millions d'exemplaires de sa série de 23 séances d'aérobic via GIPHY
En France, Véronique de Villèle et Davina Delor présentent «Gym Tonic» sur Antenne 2 de 1982 à 1986. En cinq ans d’émission, elles vendent 600.000 cassettes. Dans le monde entier, les DVD d’exercices représentent aujourd’hui un commerce de 250 millions de dollars par an, affirme l’université de l’Oregon. Soit près de 230 millions d’euros.
L'émission «Gym Tonic» a touché plus de 12 millions de spectateurs par émission.
Ce marché est pourtant néfaste pour l’image de la femme: Brad Cardinal affirme que «la plupart des instructrices sont des femmes blanches et minces, qui portent généralement des habits qui révèlent (leur silhouette)». Selon le professeur, ceci est un message subtil disant à quoi les personnes minces doivent ressembler. «Cela perpétue l’objectification du corps féminin et met en lumière l’apparence physique et non l’amélioration de la santé», ponctue Cardinal.
Pousser à se comparer aux autres
Des phrases comme «tu as intérêt à être en sueur» ou «dis bonjour à tes nouveaux abdos» «poussent à la comparaison sociale, se concentrent uniquement sur l’objectif et ne prennent pas en considération les différences». Les personnes qui commencent l’exercice physique avec ce type de vidéo pourraient ne pas se sentir à la hauteur, et abandonner l’exercice. «Cela revient à inviter chez soi des images qui pourraient nous faire sentir mal avec nous-même, analyse Brad Cardinal. Si l’expérience n’est pas positive, la probabilité que la personne continue ce programme d’entraînement diminue.»
L’acceptation de soi est une partie importante dans le domaine sportif. Se réduire à une image modèle à atteindre n’est pas salutaire. «Ayez à l’esprit que nous avons tous des corps différents. Ne vous attendez pas à avoir les mêmes résultats que ceux que vous voyez sur l’écran, et ne vous comparez pas aux autres, ponctue le professeur. Nos corps répondent tous différemment.»