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En Grèce, le pouvoir politique est aux mains de trois familles

Temps de lecture : 2 min

Il faut s'appeler Caramanlis, Papandreou ou Mitsotakis pour avoir le pouvoir en Grèce.

Georges Papandreaou, qui a prêté serment, mardi 6 octobre, après avoir remporté les élections législatives grecques, est le troisième premier ministre de la famille. Son grand-père, dont il a hérité le prénom - ce qui lui vaut le surnom de «Giorgaki» (petit Georges) --, a été un des principaux hommes politiques grecs de l'après-guerre. Son père, Andréas, a été le fondateur du parti socialiste grec (PASOK) après la chute des colonels en 1974, et a été lui-même chef du gouvernement de 1981 à 1989, puis de 1993 à 1996.

Georges Papandreou a battu le premier ministre sortant, Costas Caramanlis, neveu du «grand» Constantin Caramanlis, qui fut premier ministre pendant quatorze ans au total, et président de la République de 1980 à 1995. S'il perd la présidence de son parti, la Nouvelle Démocratie, à la suite de sa cuisante défaite aux élections législatives anticipées, qu'il avait provoquées, il pourrait être remplacé par Dora Bakoyannis, ministre des affaires étrangères du gouvernement sortant, qui est la fille de Constantin Mitsotakis, lui-même ancien premier ministre de 1990 à 1993. Ainsi la politique grecque est monopolisée par quelques trois ou quatre grandes familles, qui se succèdent au pouvoir, laissant peu de chances à ceux qui n'ont pas un «nom» d'arriver aux sommets du pouvoir.

Pour couronner le tout, les liens de complicité ou de rivalité entre ces hauts personnages tissent une toile qui limite de fait les termes du débat politique.

Le vieux Papandreou avait été nommé dès 1917 gouverneur des îles de la mer Egée par Elefteros Venizelos, l'homme qui a dominé la vie politique grecque avant la deuxième guerre mondiale. Venizelos le nomma ministre en 1930, et après la libération, Georges Papandreou dirigea le premier gouvernement avant d'être emporté par la guerre civile avec les communistes. Il redevint chef du gouvernement de 1964 jusqu'au coup d'Etat des colonels, le 21 avril 1967.

Son grand rival était Constantin Caramanlis. Il s'exila de Grèce trois ans avant la dictature et revint dans l'avion présidentiel prêté par Valéry Giscard d'Estaing, en 1974, après la chute des colonels, pour chasser la monarchie et proclamer la République.

Le troisième personnage, Constantin Mitsotakis, qui n'a pas (encore) fondé de dynastie, n'est autre que le neveu d'Elefteros Vanizelos. Il a commencé sa carrière politique dans l'Union du centre, le parti de Georges Papandreou, dont il était le bras droit. Peu à peu, il se détacha de son mentor car il était en concurrence avec le fils de Georges, Andreas, un économiste reconnu, qui ambitionnait de succéder à son père. Constantin Mitsotakis se rapprocha alors de Constantin Caramanlis. Elu député, d'abord comme «indépendant» puis sous l'étiquette de la Nouvelle démocratie, il en devint le chef et gagna les élections de 1990 contre... Andreas Papandreou.

Giorgaki, le petit Georges, va donc devoir se faire un nom et un prénom, alors que rien, sinon la tradition familiale et, dit-on, la volonté de sa mère, ne le destinait à une carrière qu'il avait embrassée sans enthousiasme. Plusieurs fois ministre dans les gouvernements de son père et dans ceux de Costas Simitis, il a fait ses classes et dans les luttes internes du PASOK, il a ainsi appris rapidement à éliminer ou neutraliser ses rivaux.

Daniel Vernet

Image de Une: Georges Papandreaou lors d'un meeting électoral Yiorgos Karahalis / Reuters

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