Tous les moyens sont bons. Le 9 décembre, David Bénichou, vice-président du tribunal de grande instance de Paris chargé de l’instruction à la section antiterroriste et atteintes à la sûreté de l’État, était invité à prendre la parole au Sénat. Son rôle: faire comprendre à l’institution les différentes attentes des juges. Parmi ces dernières, que l’on peut retrouver dans un intéressant compte rendu public, l’une a été repérée par Numerama.
Au premier abord, la demande est étonnante. David Bénichou estime que les juges antiterroristes devraient pouvoir employer des «experts» pour intercepter les données numériques de suspects. Ou, plus précisément, pour créer des outils d’interception. En clair, un juge pourrait mandater un hacker pour mettre au point un cheval de Troie capable d’aspirer les SMS, emails et autres conversations Whatsapp d’un djihadiste présumé.
En France, les juges ont bien le droit d’ordonner des attaques informatiques sans prévenir les intéressés depuis bientôt cinq ans. Mais, ça, c’est pour la théorie. En pratique, les juges doivent se servir d’outils agréés. Il en existerait deux... Auxquels seul le ministère de l’Intérieur aurait accès, selon David Bénichou. Ce dernier explique: «Les services de renseignement monopolisent les outils et ne les mettent pas à notre disposition, par crainte de les voir divulgués.»
Face à ce manque de moyens supposé, deux sénateurs avaient proposé un amendement au projet de loi renforçant les dispositions relatives à la lutte contre le terrorisme en 2014 pour permettre la mise en place de nouveaux outils par des experts non mandatés. Le ministère de l’Intérieur avait voté contre et mis fin au projet, qu’il accusait de compromettre la sécurité des ordinateurs de l’État.