Au grand dam de la communauté musulmane, notamment française, les récents attentats commis par des islamistes radicaux entraînent généralement une montée d’actes et de propos antimusulmans, comme le montre le dernier rapport du Collectif contre l'islamophobie en France. Les réseaux sociaux servent eux aussi de défouloir à ceux qui veulent exprimer leur haine. Après les attentats de Paris du 13 novembre dernier, la majorité des ces tweets haineux anglophones provenait des États-Unis, rapporte le Washington Post.
Le journal s’appuie sur une étude publiée par deux chercheurs de l’Institut de recherche informatique du Qatar, un centre de recherche qui travaille entre autres avec Google et Microsoft. Les chercheurs ont recensé près de 8,5 millions de tweets en rapport avec les attentats parus dans les cinquante heures qui ont suivi les attaques terroristes. Ils ont ensuite affiné leur recherche pour se concentrer sur les messages anglophones parlant des musulmans ou des réfugiés. Ils en ont tiré un échantillon représentatif de 1.520 tweets: 606 étaitent pro-réfugiés (39,9%), 647 étaient anti-réfugiés (42,6%), c’est-à-dire que leurs auteurs y blâmaient les réfugiés des actes terroristes et appelaient à fermer les frontières.
Le pourcentage de tweets anglophones anti-réfugiés par pays | Washington Post
Les conclusions des chercheurs sont édifiantes: 68% de ces messages haineux ont été envoyés des États-Unis, les autres proviennent notamment du Royaume-Uni, du Canada ou de l’Inde. Ces chiffres sont toutefois à relativiser. Les États-Unis et ses 318 millions d’habitants ont de loin la plus grande population d’internautes (près de 250.000.000). Arrive ensuite l’Inde, avec 125 millions d’internautes, le Royaume-Unis, avec un peu plus de 50 millions, et le Canada, avec 29 millions.
Reste que les pays d’origine des tweets pro-réfugiés étaient bien plus variés (ils provenaient de 105 pays, contre 54 pays pour les tweets anti-réfugiés) et que la proportion de tweets américains est bien plus forte parmi les messages anti-réfugiés (si 68% des tweets anti-réfugiés venaient des États-Unis, seuls 32% des tweets pro-réfugiés avaient été rédigés sur le sol américain). Ces chiffres sont donc révélateurs du sentiment anti-réfugié grandissant outre-Atlantique, notamment porté par la voix du candidat à l’investiture républicaine Donald Trump, qui a par exemple déclaré vouloir interdire l’entrée aux États-Unis aux personnes pratiquant l’islam.