Alors que les ventes d'armes stagnent à travers le monde, le secteur de l'armement se porte très bien en Allemagne. D'après un rapport du Sipri, l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm, auquel le quotidien allemand Die Tageszeitung a eu accès, les ventes des 100 plus grandes entreprises du secteur de l'armement ont baissé en 2014 de 1,5% par rapport à l'année précédente, avec un chiffre d'affaires global de 401 milliards de dollars.
En Europe, le chiffre d'affaires du secteur de l'armement accuse une baisse de 7,4%. Seul un pays membre de l'UE continue d'exporter des armes à tour de bras: l'Allemagne, qui a enregistré en 2014 une hausse de 9,4%, en grande partie via les ventes de l'entreprise ThyssenKrupp, qui ont grimpé l'an dernier de près de 30%, ce qui la place au 42e rang des 100 plus grandes entreprises du secteur de l'armement. En 2013, elle arrivait en 59e position dans le classement.
Les clients? Israël, Syrie, Russie…
Et cette tendance n'est pas prête de s'arrêter. En octobre 2015, le quotidien Die Welt citait un rapport du gouvernement allemand indiquant que durant le premier semestre 2015, l'Allemagne a exporté presque autant d'armes que sur l'ensemble de l'année 2014. Durant le premier semestre 2015, le gouvernement allemand a autorisé des exportations d'armes d'un montant de 3,5 milliards d'euros, soit 1,3 milliard de plus par rapport au premier semestre 2014.
Les ventes d'armes à des pays tiers, c'est-à-dire ne faisant partie de l'Otan ou de l'UE, se chiffrait à 1,67 milliard d'euros au premier semestre 2015. Les principaux pays acheteurs sont Israël –«un sous-marin»– , la Syrie –«un véhicule blindé et des éléments pour une mission de l'ONU», d'après le gouvernement allemand– ou la Russie –«deux navires de sauvetage et aux fonctions diverses pouvant briser la glace, pour des interventions en cas d'accident et de catastrophe».
En Europe, la Suisse en tête
L'Allemagne a également livré cette année «du matériel» à l'Arabie Saoudite, douze panzers «Fuchs» au Koweit, ainsi que des «fournitures» aux combattants kurdes en Irak ainsi que du «matériel de protection pour le gouvernement irakien pour assurer sa propre défense dans le cadre de la lutte contre le terrorisme».
Ces ventes d'armes font l'objet de vives critiques chez les partis de l'opposition et au sein de la société civile, d'autant plus que le ministre de l'Économie, Sigmar Gabriel, avait annoncé au début de son mandat vouloir limiter les ventes d'armes, en particulier à des pays tiers.
Le seul pays qui vend aujourd'hui plus d'armes que l'Allemagne en Europe est la Suisse, qui a vu son chiffres d'affaires augmenter de 11,2% l'an dernier.