Parmi les nominés au titre de sportif (ou sportive) de l'année 2015, le magazine Sports Illustrated avait sélectionné douze athlètes dont Lionel Messi, Novak Djokovic, Serena Williams et un cheval américain nommé American Pharoah.
Le 11 décembre, le magazine a tranché et c'est Serena Williams qui fait la couverture, assise sur un trône avec un body en dentelle noire. Williams est la première femme à avoir reçu cette distinction en solo depuis 1983. Le magazine explique avoir voulu récompenser non seulement ses victoires (53 matchs gagnés sur 56 en 2015, et un total de 21 titres de Grand Chelem), mais également le fait qu'elle soit revenue au tournoi d'Indian Wells, où elle avait été conspuée par le public en 2001.
Les lecteurs ont tranché
Mauvais perdants, de nombreux fans de course hippique ont vécu ce choix comme un scandale. Alors que Serena n'a pas gagné le Grand Chelem en 2015, le cheval American Pharoah a gagné la Triple Couronne, l'équivalent hippique. Pire, le cheval était selon eux le véritable choix démocratique, puisqu'il avait recueilli le plus de voix dans le sondage des lecteurs du magazine.
Rapidement, le débat a dégénéré. Tout d'abord, le Los Angeles Times a eu l'idée de demander à ses lecteurs de trancher sur le sujet:
Serena Williams or American Pharoah: Who's the real sportsperson of 2015? Vote in our poll https://t.co/l4A51SPUlP pic.twitter.com/dssxaGFbAn
— Los Angeles Times (@latimes) December 14, 2015
Serena Williams ou American Pharoah: Qui est le vrai athlète de 2015? Votez dans notre sondage.
Les lecteurs du quotidien californien ont très majoritairement soutenu la tenniswoman: pour 78% d'entre eux, elle méritait le titre plus que le cheval et pour 77% d'entre eux, un cheval ne devrait de toutes façons pas pouvoir gagner le titre de sportif de l'année, car un cheval n'est pas une personne.
Sexiste? Raciste?
Sauf que la juxtaposition entre Serena et un cheval a été jugée raciste. Le quotidien a reçu un déluge de plaintes, comme celle-ci.
.@latimes YOU ARE SERIOUSLY COMPARING A BLACK WOMAN TO A HORSE.
— CatherinePrendergast (@cjprender) December 14, 2015
Sérieusement, vous comparez une femme noire à un cheval.
Un article d'explication et d'excuse a ensuite été publié, et l'illustration qui juxtaposait le cheval et Serena Williams a été remplacée par une photo de Serena seulement.
Dans la twittosphère conservatrice, certains ont expliqué que de toutes façons, Serena n'avait gagné que parce qu'elle était afro-américaine. Il y a aussi eu un mini débat sur la pose de la couverture que certains ont jugé objectifiante et sexiste. Mais le magazine a précisé que c'est Serena Williams elle-même qui a choisi cette mise en scène pour «exprimer son idéal de féminité, de force et de pouvoir».