Parfois, la lutte contre les microagressions racistes aux États-Unis vire à la parodie, et le procès que vient de lancer un certain Justin Renel Joseph contre le prestigieux Metropolitan Museum de New York en est la parfaite incarnation.
Pour le plaignant, le fait que le musée expose des tableaux dans lesquels Jésus Christ est blond et blanc est une forme de discrimination illégale, rapporte le New York Post. À propos du Jésus tel qu’il est dépeint dans des tableaux de Tintoret et du Pérugin, Justin Renel Joseph explique:
«Ils ont changé sa couleur de peau pour le rendre esthétiquement agréable aux yeux des blancs. Je fais un procès à un établissement public qui n’a pas le droit de discriminer compte tenu de la loi sur les droits civiques de 1964.»
Joseph, qui est son propre avocat dans ce cas, argue qu’il s’est senti en situation de stress après avoir vu Sainte Famille avec Anges, de Sebastiano Ricci, La Résurrection du Pérugin, Le Miracle des pains et des poissons du Tintoret et La Crucifixion de Francesco Granacci.
Tableaux racistes
Pour faire parler de sa cause, le plaignant a créé un site internet, tout simplement intitulé takedownaryanjesusart.com (enlever les tableaux de Jésus aryen). On peut y lire l’extrait suivant de sa plainte:
«Dans chaque cas, ces tableaux racistes montrent Jésus Christ, un personnage public et historique hébreu, comme un adulte mâle blond et blanc de type aryen, alors qu’un mâle adulte originaire du Moyen-Orient [...] n’aurait pas été génétiquement disposé à avoir de telles caractéristiques physiques.»
Justin Renel Joseph explique sur son site que, comme Jésus, il a lui-même les cheveux noirs et le teint couleur de «bronze». Pour lui, ces tableaux impliquent qu’un personnage important comme Jésus Christ ne peut pas lui ressembler, ce qui lui donne le sentiment «d’être rejeté par la société».
Une porte-parole du Metropolitan Museum a rétorqué:
«Lorsque ces œuvres étaient peintes, il était habituel pour les artistes de peindre leurs sujets avec les mêmes caractéristiques physiques que la population locale. C’est un phénomène que l’on retrouve aussi dans d’autres cultures.»
Ce procès ne mènera probablement à rien mais reflète la façon dont certains Américains rejettent des œuvres classiques de l’histoire de l’art et de la littérature lorsqu’elles ne correspondent plus à certaines valeurs actuelles. À Columbia par exemple, des étudiants voulaient que les Métamorphoses d’Ovide soient accompagnées d’un avertissement pour une scène de viol qui pourrait choquer.